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« chasteté masculine controlée » analysé par Philoxime
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Il est important de noter la durée (00:41:10s), le titre (Nous n’irons pas sur Mars. Voici pourquoi (ft. @LeSenseOfWonder )) ainsi que les éléments fournis par l’auteur, incluant la description :« Mars est-elle la planète B ? Coloniser Mars, c’est viable ? Et même si c’était le cas, serait-on plutôt dans l’utopie ou… dans la dystopie ? CHAPITRES & RÉFS
Ceci est une collab avec Sébastien Carassou de la chaîne @LeSenseOfWonder un immense merci à lui et dépêchez-vous de vous abonnez à sa chaîne !
CHAPITRES :
00:00 – Intro
02:55 – Partie I – Coloniser Mars, c’est viable ?
03:19 – Envoyer des humains sur Mars
05:45 – Établir une colonie sur Mars
09:47 – Les atouts de Mars
10:19 – Terraformer Mars ?
11:51 – C’est quoi le modèle économique ?
16:40 – Partie II – Coloniser Mars, c’est souhaitable ?
18:00 – Pas de syndicats sur Mars ?
23:34 – Pas de démocratie sur Mars ?
30:39 – Pas de droits reproductifs, sur Mars ?
34:52 – Y a pire encore…
37:42 – Les Martiens, coincés dans l’espace ?
38:36 : Et si on réfléchissait un peu à tout ça ?
Merci de votre soutien sur ces plateformes :
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RÉFÉRENCES (Par ordre d’apparition)
– Weinersmith (2023) A City on Mars: Can We Settle Space, Should We Settle Space, and Have We Really Thought This Through?, Particular Books
– Nesvold (2023) Off-Earth. Ethical Questions and Quandaries for Living in Outer Space. MIT Press
– 02:22 : Life on Mars, cover par @Saturax et sa chorale : https://youtu.be/uCjVB-JUhII?t=739
– Fleming et al (2023) « Mining in space could spur sustainable growth » https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.2221345120
– Extrait de la vidéo de @Vlanx à 10:45 : https://www.youtube.com/watch?v=_3RviiYT0h8
– Picon (2018) “Villes-usines et company towns en Europe de l’ouest et en Amérique du Nord” https://journals.openedition.org/rge/9316
– Fishback (1992) Soft Coal, Hard Choices: The Economic Welfare of Bituminous Coal Miners. Oxford University Press
– Cockel (2008) “An Essay on Extraterrestrial Liberty”. Journal of the British Interplanetary Society
– Cockel (2009) Cockel (2009) “Liberty and the Limits of the Extraterrestrial State”. Journal of the british interplanetary society
– Szocik & al (2018) « Biological and social challenges of human reproduction in a long-term Mars base » https://www.thespaceshow.com/sites/default/files/shows/Futures-Mars.pdf
– Church (2024) https://arep.med.harvard.edu/gmc/protect.html
REMERCIEMENTS : Un grand merci à Sébastien de la chaîne @LeSenseOfWonder pour sa participation à cette vidéo, et pour ses relectures et ressources précieuses !
MUSIQUES :
Surviving mars, Main theme
Tennessee Ernie Ford, 16 Tons
Pete Seeger, Solidarity Forever : https://www.youtube.com/watch?v=R8eK9ZXf-Ow
Autres musiques de Artlist.io
©LICENCES :
Merci à Thomas Appéré pour son autorisation d’utiliser ses magnifiques traitements d’images de sondes martiennes, qui agrémentent cette vidéo, et je vous encourage à aller voir son travail par ici : https://www.flickr.com/photos/thomasappere/
ERRATUM : l’image à 32:48 est de Laurent Saulnier : https://www.flickr.com/photos/baldezac/52310306631
Et l’image à 32:55 est de Jason Major : https://www.flickr.com/photos/lightsinthedark/53519065799/ (mes excuses pour la confusion !)
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La chasteté renforce le cheminement spirituel.
La connexion entre chasteté et spiritualité est bien établie dans diverses religions. Pour le christianisme et d’autres croyances, la chasteté est une voie vers la pureté. En régulant ses désirs sexuels, on augmente l’énergie disponible pour le bien-être intérieur. Dans ce contexte, la chasteté représente une offrande personnelle et un respect envers la divinité. La chasteté est perçue non pas comme une privation, mais comme un choix visant à élever l’âme. La chasteté est interprétée de manière diverse à travers les traditions religieuses. Dans le christianisme catholique, la chasteté est considérée comme une vertu clé pour les prêtres. L’islam valorise la chasteté en établissant des règles rigoureuses pour réguler la sexualité. Les ascètes en hindouisme et bouddhisme pratiquent la chasteté pour parvenir à l’illumination. La chasteté transcende les religions, unissant les individus dans une recherche commune.
Questions Fréquemment Posées concernant la Chasteté.
Est-ce que la chasteté est réservée aux religieux uniquement ? La chasteté n’est pas limitée aux personnes religieuses ou consacrées. Quelle est la différence entre la chasteté et l’abstinence ? L’abstinence implique un engagement explicite à éviter les relations sexuelles. À la différence de l’abstinence, la chasteté peut nécessiter le port d’un accessoire spécifique et une démarche de développement personnel. En quoi la chasteté se traduit-elle dans une relation conjugale ? La chasteté dans le mariage se manifeste généralement par une approche commune, avec des conversations entre conjoints sur les pratiques. Pourquoi l’Église accorde-t-elle une telle importance à la chasteté ? L’Église valorise la chasteté car elle la voit comme une vertu fondamentale pour suivre les principes de la foi chrétienne. Quelle contribution la chasteté apporte-t-elle à l’épanouissement personnel ? La chasteté aide à se réaliser personnellement en offrant un meilleur contrôle de soi, une clarté mentale et une paix intérieure.
La pratique de la chasteté influence positivement le bien-être personnel et moral. Explorer les effets de la chasteté sur le bien-être personnel et moral.
La chasteté pratiquée avec attention a une influence majeure sur le bien-être personnel. Elle favorise une meilleure maîtrise de soi, une plus grande clarté mentale et une paix intérieure issue du respect des convictions morales. Cette pratique conduit à une relation plus harmonieuse entre l’homme, son corps et ses désirs. Cette maîtrise de soi, acquise grâce à la chasteté, permet une liberté plus grande en supprimant les pulsions et les pressions sociales liées à la sexualité. La pureté morale acquise grâce à la chasteté améliore la dignité et l’estime de soi. Les bienfaits psychologiques de la chasteté sont particulièrement notables. La chasteté offre aux individus une plus grande confiance en eux et une meilleure préparation pour surmonter les défis.
Étudier comment la pratique de la chasteté affecte les relations avec les autres et les liens familiaux.
Les relations interpersonnelles bénéficient également de la chasteté. La cage de chasteté contribue à régénérer les capacités de séduction d’un homme et à changer son comportement avec ses partenaires. La sollicitation moins fréquente permet à ses capacités physiques et sexuelles d’être plus puissantes pendant l’acte. La pratique de la chasteté peut se faire discrètement, sans la nécessité de partager ce secret avec ses partenaires. La chasteté, dans le contexte du mariage, peut solidifier les liens conjugaux en encourageant un amour plus profond, détaché du plaisir charnel.
Examinez les antécédents historiques et culturels de la chasteté.
De nombreuses traditions religieuses et culturelles ont des racines profondes liées à la chasteté. Dans le cadre du christianisme, la chasteté est fréquemment associée au vœu de continence des prêtres et religieux. Les traditions islamiques et les Églises catholique et orthodoxe valorisent la chasteté comme une vertu fondamentale, non seulement pour les religieux mais aussi pour les laïcs, notamment avant le mariage. La valeur de la chasteté dans l’Antiquité reposait sur sa capacité à maintenir l’intégrité personnelle et la pureté morale. En conséquence, la chasteté traverse les époques et les cultures, demeurant une vertu à la fois reconnue et respectée.
La chasteté : Une qualité à réévaluer pour les hommes d’aujourd’hui.
Dans le monde d’aujourd’hui, la chasteté est une qualité souvent taboue. Pour les personnes qui intègrent la chasteté dans leur vie, elle offre une route vers une paix intérieure plus grande, des relations améliorées et une connexion spirituelle plus profonde. Autrefois, la chasteté était plus souvent assumée et discutée. Cette page de chastete.fr développe de manière exhaustive la thématique de la chasteté . Cet article aborde la chasteté sous plusieurs angles et donne aux hommes les moyens de comprendre et de mettre en pratique cette vertu au quotidien.
Définir la chasteté dans le contexte d’aujourd’hui. Comprendre la chasteté sous l’angle des réalités actuelles.
En substance, la chasteté est la régulation de soi-même dans le domaine sexuel. La chasteté n’est pas seulement l’abstinence, mais une maîtrise volontaire des désirs dans un cadre éthique. Dans le monde moderne, la chasteté ne se limite pas à réprimer les désirs, mais à les orienter vers des objectifs plus élevés, comme le respect de soi et des autres. Pour un homme d’aujourd’hui, la chasteté n’est pas une question de renoncer au plaisir, mais de choisir comment vivre sa sexualité.
Pratiquer la chasteté sur une base quotidienne.
Les hommes qui choisissent la chasteté peuvent se tourner vers plusieurs méthodes. Une introspection pour comprendre ses valeurs et motivations est fondamentale. Ensuite, il peut être utile d’éviter les situations susceptibles de provoquer des désirs incontrôlés, telles que la consommation de contenus sexuels. Chercher un groupe de soutien ou un mentor avec des convictions communes peut aider à suivre le bon chemin. Pratiquer la chasteté est un défi dans une société où la sexualité domine. La pression sociale et les tentations fréquentes sont des défis majeurs. Une discipline personnelle rigoureuse est essentielle pour dépasser ces obstacles. Il est fondamental de ne pas se décourager après un échec, mais de repartir avec une motivation renforcée. Atteindre la chasteté n’est pas une question de perfection mais de cheminement avec patience et persévérance. En conclusion, la chasteté est une vertu puissante qui, lorsqu’elle est intégrée dans la vie d’un homme, peut conduire à une plus grande liberté, une meilleure maîtrise de soi, et un épanouissement spirituel profond. La chasteté peut paraître contraignante dans une société qui valorise la sexualité plus que la spiritualité, mais elle offre une voie vers une vie plus sincère, en accord avec ses valeurs et sa foi.
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Retranscription des paroles de la vidéo: “Il n’y a pas de planète B”… – Il n’y a pas de planète B – Il n’y a pas de planète B ! Comment ça a pas de point B ? Et si je vous disais qu’à seulement quelques dizaines de millions de kilomètres de la Terre, il existe une planète avec du carbone, de l’azote et d’immenses quantités d’eau dans les calottes polaires et sous le surface. Une journée qui dure un peu plus de 24 h terrestres et le climat est presque clément avec une température moyenne de -65 degrés. Mais au niveau de l’équateur, à l’été, à 12 h, vous pouvez atteindre un confortable 21 degrés. je pense qu’il faut… il vous faut des raisons de vous lever le matin et de vouloir vivre Nous avions l’habitude de lever le regard vers le ciel et de nous demander quelle est notre place parmi les étoiles… Genre, pourquoi tu veux vivre ? Ça sert à quoi ? Personne ne veut être une de ces minables civilisation-à-une-planète ! – C’est comme si on avait oublié qui nous sommes, Donald… … des explorateurs, des pionniers ! Pas des soignants… C’est important pour maximiser la durée de vie probable de l’humanité ou de la conscience La civilisation humaine pourrait prendre fin… … ça pourrait être la 3e guerre mondiale, ou en raison d’un déclin graduel de la civilisation… – Vous imaginiez que durant les années 2030 tous les deux ans quelque chose comme un millier de vaisseaux spatiaux décolleraient, chacun avec une centaine de passagers ou plus Oui, ce serait comme dans Battlestar Galactica, la flotte s’en va. Nous ne sommes pas censés sauver le monde… Nous sommes censés le quitter. Et un jour en effet… Nous occuperons Mars ! Parce que notre destin… est au-dessus de nous. Voici Mars. N’est ce pas une belle planète B. ? Prête pour un nouveau départ ? Euh non, carrément pas non… Ha ! Je vous vois venir. Vous devez être un de ces écolos-décroissant qui détestent l’espace. Un vrai spatiophobe ! D’ailleurs… Qui êtes vous ? Je suis Sébastien Carassou, docteur en astrophysique et vulgarisateur sur la chaîne Le Sense of Wonder. Ah… pas vraiment spatio-phobe donc… Alors écolo, certainement. Mais spatio-phobe. Pas vraiment, non… Et… si nous ne sommes pas là haut Si le futur n’inclut pas être là-haut dans les étoiles et être une espèce multi-planétaire je trouve ça incroyablement déprimant si ce n’est pas le futur qui nous attend… Dans cette vidéo, on va se demander deux choses : coloniser Mars, est ce que c’est viable ? Et même si c’est le cas, est ce que ce serait souhaitable ? Une colonie sur Mars est elle plutôt de l’ordre de l’utopie ou de la dystopie ? On discute de tout ça avec l’excellent Sébastien Carasso Et on va notamment s’inspirer de ces deux excellents bouquins : A city on Mars de Zack & Kelly Weinersmith et Off-Earth par Erika Nesvold. Un immense merci à mes tipeurs & tipeuses pour leur soutien inestimable. Et si vous voulez m’aider à faire grandir cette chaîne, vous pouvez faire un tour sur ma page Tipeee, Patreon, ou KissKissBankBank. C’est dur à prononcer. “KissKissBankBank”, j’allais dire l’initiale, mais ça fait caca-bébé c’est pas ouf :p Et toi, t’y connais quoi sur Mars ? Non, non mais j’ai à fond bossé le sujet. J’ai fait Surviving Mars, Mars Colony Builder, Red Faction… Enfin… de la docu de ouf. Et… tu penses vraiment que ces jeux sont réalistes ? Ah ben non bien sûr… ha, ha ! Après … quand même un peu dans les grandes lignes … c’est pas complètement faux, non ? Oui, bien sûr, Tout comme Fortnite. Décrit dans les grandes lignes la réalité sur Terre. Bon ben alors explique nous qu’est ce qu’il y a de si compliqué à construire une colonie autosuffisante sur Mars, sachant que pour Musk il faudrait viser une population d’environ 1 million de personnes ? Un ordre de grandeur assez grossier de combien de personnes sont nécessaires pour une ville auto-suffisante est d’environ un million. Et on peut le faire. Et on peut faire ça en 20 ans ! Alors allez sur Mars, on sait que c’est techniquement faisable. Depuis les années 60, on a envoyé près d’une cinquantaine de robots analyser la planète rouge sous toutes ses coutures et en particulier trois rover qui sont actuellement en train de fouler sa surface à l’heure où je tourne cette vidéo. Mais ne vous laissez pas tromper par ce foisonnement de missions spatiales, Traversez le gouffre entre les planètes n’est jamais une aventure sans risque. En pratique, seule la moitié des sondes envoyées vers la planète rouge sont parvenues à accomplir leur mission en un seul morceau. Pour le moment, ces missions n’impliquent que des robots partiellement téléguidés et partiellement autonomes. Mais transporter les sacs de chair et d’os que nous sommes vers notre monde de système solaire est une tâche autrement plus complexe que de transporter un tas de boulons et de circuits imprimés. Déjà, on n’envoie pas des engins sur Mars quand on veut que Mars bouge tout le temps sur son orbite par rapport à la Terre. La planète rouge ne se retrouve au plus proche de la Terre qu’une fois tous les 26 mois et même en calibrant la fenêtre de tir et la trajectoire. pour minimiser les coûts en carburant, il faudra compter entre six et neuf mois avec les technologies actuelles pour envoyer un engin sur Mars et idem pour le voyage de retour. Pendant tout ce temps, votre joyeuse bande d’astronautes devra être nourrie, hydratée, soignée et stimulée physiquement et intellectuellement. Quant aux conflits interpersonnels inévitables dans ce genre d’expédition, ils devront être gérés au mieux par du personnel qualifié pour éviter que votre équipage ne finisse par s’entre tuer. Malgré ces difficultés, les agences spatiales, et en particulier la NASA, sont relativement confiantes qu’un tel voyage sera possible dans un avenir relativement proche. Tester la viabilité des infrastructures pour l’exploration de la planète rouge. C’est même l’un des buts des missions Artemis qui devraient signer le retour de l’humain sur la Lune à partir de 2026. Si ces technologies fonctionnent bien, elles permettront d’envisager une première mission habitée vers Mars dans le début de la décennie 2030. Mais on parle ici d’un équipage d’exploration scientifique qui ne resterait pas plus d’une trentaine de jours sur la surface martienne. On est encore loin du fantasme de l’établissement d’une société martienne sur des temps long. Ok, mais une fois sur place, le plus dur est fait, non ? Un petit dôme géodésique, quelques panneaux solaires, des cultures de patates fertilisées au caca et hop, on a notre colonie sur Mars ! Alors j’aurais envie de te répondre “presque” pour rester sympa, mais en vrai, absolument pas. Il faut bien se rendre compte du degré d’hostilité absolument ahurissant de la planète Mars. Imagine que la Terre se retrouve dévastée par un réchauffement climatique complètement hors de contrôle qui ferait passer le pire scénario du GIEC pour un paradis de bisounours. La planète ravagée par des méga feux, des sécheresses, des inondations. Les océans s’élèvent de plusieurs dizaines de mètres de hauteur et des continents entiers du globe deviennent inhabitable. Rajoute par dessus ça une guerre thermonucléaire globale qui éradique la quasi totalité de la vie de surface. Ok… Et bien cette planète là, elle sera toujours infiniment plus hospitalière que Mars. La planète Terre, c’est la seule planète connue où tu peux aller faire un tour dehors, tout nu, sans risquer autre chose que l’atteinte aux bonnes mœurs. Sur Mars, je te donne pas plus de deux minutes avant de décéder dans d’atroces souffrances. Déjà parce qu’il n’y a pas vraiment d’oxygène moléculaire à respirer sur place. L’atmosphère martienne est trop composée à plus de 90 % de dioxyde de carbone. Bon, si ça peut te rassurer, je n’avais pas forcément l’intention d’aller faire du naturisme sur Mars, en tout cas pas tout de suite. Et bon, je pensais plus à une colonie avec une atmosphère régulée et des machines à oxygène, ça le fait pour survivre ça, non ? Alors oui, tu peux toujours augmenter tes chances de survie avec une machine qui convertit le CO2 martien en oxygène. Un peu à la manière du prototype Moxie qui a été embarqué sur le rover Perseverance en 2021 ce démonstrateurs technologique a fait ses preuves en produisant suffisamment d’oxygène pour permettre à un astronaute de respirer pendant une petite dizaine de minutes, mais imagine l’ampleur du défi que représente la mise à échelle de cette technologie pour alimenter une ville entière. Sinon, il y a l’usine à carburant. Moi j’aime bien. C’est une usine qui produit du carburant à partir de… d’eau. Évidemment, tu fais construire ça par des drones, tout ça. Facile quoi. Et c’est loin d’être le seul problème. Comme Mars est une planète biologiquement et géologique morte, elle n’a ni champ magnétique ni couche d’ozone. Qui pourrait te protéger des rayonnements ultraviolet et des particules chargées de haute énergie que le soleil et la galaxie nous envoient régulièrement Ces rayonnements augmentent la dose d’irradiation que tu vas encaisser à la surface de Mars avec tes conséquences qui peuvent aller du syndrome d’irradiation aiguë au risque accru de développement de cancers sur le long terme. Donc ton double géodésique, là, tu oublies. A moins de vivre dans des tunnels de lave ou des cavernes, ou de construire des habitats martiens avec une couche de suffisamment grande rigolade qui au passage est très abrasif, il semble difficile de fournir une protection durable contre ce phénomène qui est susceptible de te tuer à petit feu. Ok, donc on serait plus dans un truc genre abri anti-atomique à la Fallout quoi… C’est vrai que d’un coup c’est moins sexy… Et c’est pas tout hein ! L’atmosphère martienne est aussi 100 fois moins dense que l’atmosphère terrestre. Au delà du fait que ça oblige à évoluer en permanence en combinaison ou en habitat pressurisé. Cette caractéristique, elle a la fâcheuse conséquence que l’eau ne peut pas exister à l’état liquide de manière stable à la surface de Mars. Si tu veux avoir la chance de boire un grand verre d’eau fraiche tous les jours, tu vas devoir aller la chercher au niveau des calottes polaires où l’eau existe quasi exclusivement sous forme de glace et où les températures peuvent descendre jusqu’à -153 degrés Celsius. Une fois cette eau récoltée, il va falloir avoir de quoi la réchauffer, mais aussi la filtrer parce que le sol martien est rempli de sels de perchlorates qui sont des composés toxiques qu’on classe dans la catégorie des perturbateurs endocriniens. Ah bon ? Mais alors et Matt Damon et ses patates cultivées avec son caca, ça marche pas non plus ? Et bien comme les perchlorates représentent jusqu’à 1 % de la composition du régolithe martien, il y aurait de fortes chances qu’il finisse par se retrouver dans ta nourriture. Donc si tu veux des patates martiennes, t’as intérêt à filtrer ton terreau ou à faire des cultures en hydroponie dans des environnements contrôlés. Que les jeux vidéo nous mentent, à la limite passe encore… Mais Hollywood ? Je suis choqué ! Après, le tableau n’est pas tout sombre non plus. Techniquement, Mars contient tous les ingrédients chimiques qui pourraient en faire une planète potentiellement viable pour l’émergence de la vie. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle est aussi intéressante scientifiquement parlant depuis qu’on y envoie des rover. On sait notamment que sa surface contient une grande quantité de CHNOPS. Une grande quantité de schnaps ? CHNOPS, ce sont les six éléments chimiques majoritairement utilisés par le vivant. Mais la seule présence de ces CHNOPS ne suffira pas à faire de la planète rouge une planète accueillante pour la vie terrienne. En tout cas, pas dans un futur proche. Pour ça, il faudrait carrément la terraformer, ce qui impliquerait de changer durablement la composition de son atmosphère, d’introduire des gaz à effet de serre pour augmenter la température globale de la planète et faire fondre l’autre calotte polaire, d’introduire des bactéries terriennes sur Mars pour faire de la photosynthèse et permettre l’existence d’autres formes de vie. Bref, c’est un projet qui prendrait littéralement des milliers d’années sans garantie de résultat. On est clairement sur de la science fiction. Si on était techniquement capable de terraformer Mars, alors à plus forte raison, on serait également capable de réparer une terre post-apocalyptique vu que même une terre post-apocalyptique reste un point de départ moins catastrophique que Mars en terme d’hospitalité à la vie humaine. En plus, même si c’était possible, si on pouvait façonner une planète entière à notre guise, est ce qu’on aurait raison de le faire ? Je sais que le respect de l’environnement, et de la biodiversité reste encore un concept loin d’être évident sur Terre… Mais est ce que l’humanité a le droit moral d’appliquer un gigantesque programme de démolition-reconstruction à l’échelle d’une planète ? Surtout que s’il existe vraiment des formes de vie sur Mars, même à l’échelle microbienne, est ce que la terraformation ne conduirait pas à leur éradication ? Est ce bien moral tout ça ? Comme le disait l’astronome Carl Sagan, Mars appartient aux Martiens, même si les Martiens ne sont que des microbes … mais ultimement on pourrait transformer Mars en une planète similaire à la Terre. – Comment feriez-vous cela ? – La méthode rapide c’est de lâcher des bombes thermonucléaires au-dessus des pôles… – Vous êtes un supervillain ! C’est le genre de plan d’un supervillain ! – Oui… En plus, sans même parler terraformation… Rien que simplement fabriquer, transporter, installer tous les équipements nécessaires à la vie sur une autre planète, tout ça a sûrement un coût gigantesque. Alors qui va payer pour aller faire construire cet abri souterrain un peu nul sur Mars où on peut même pas faire pousser des patates facilement ? Et comment justifier tous ces frais alors qu’il y a des choses beaucoup plus urgentes pour l’humanité, comme la lutte contre l’extrême pauvreté ou le réchauffement climatique ? Ah, tu poses la délicate question de la viabilité économique de la colonisation de Mars. Eh bien, à l’heure actuelle, il n’y a aucune réponse qui soit réellement satisfaisante. L’argument le plus souvent avancé par les lobbys de Mars, c’est la présence sur la planète rouge d’une hypothétique énorme quantité de ressources précieuses qui pourraient s’avérer très utiles à l’industrie terrienne, voire à la transition écologique, selon certains. Parmi ces ressources, on trouve des métaux rares comme le cobalt, le nickel ou le platinium, qui sont très utilisés en électronique et dont les gisements sur terre sont progressivement en train d’être épuisés par l’extractivisme globalisé. Mais on trouve aussi le deutérium, un isotope stable de l’hydrogène qui se trouve être cinq fois plus commun sur la planète rouge que sur la planète bleue et qui pourrait servir à alimenter d’hypothétiques futures centrales à fusion nucléaire. D’autres scénarios encore plus spéculatifs, envisagent Mars comme un avant poste qui permettrait de rejoindre plus facilement la ceinture d’astéroïdes afin d’y extraire encore plus de métaux précieux. Le problème avec tous ces scénarios, c’est qu’avec les technologies actuelles ou à moyen terme, les coûts de transport et la construction d’infrastructures pour extraire toutes ces ressources dépassent de très loin le potentiel retour sur investissement. Et à part l’extractivisme pas ouf… Il y a d’autres modèles économiques ? Et bien, pas grand chose à vrai dire. On peut penser au tourisme spatial pour ultrariches par exemple, puisque ce serait un peu les seules personnes qui pourraient se permettre de financer un tel voyage, et les infrastructures d’installation qui vont avec. C’est d’ailleurs un marché de niche qui existe déjà en orbite terrestre aujourd’hui. Oui, un beau modèle économique bien inutile, qui génère des quantités astronomiques de gaz à effet de serre. Dans le genre encore plus what the fuck ? Un autre modèle économique pourrait être la télé réalité. La télé réalité ? Non mais sérieux là ? Non non, c’est pas une blague. C’est d’ailleurs le plan très sérieux du projet Mars One, initié au début des années 2010 par l’ingénieur hollandais Bas Lansdorp. Son but, c’était d’envoyer un équipage de quatre personnes sur Mars dès 2023 pour y installer une colonie et finir leurs jours sur place. Oui, parce que le projet prévoyait un aller *sans retour*. – Attention : c’est un billet sans retour… – Un billet sans retour – Un voyage aller simple vers la planète rouge – C’est une mission sans retour, comme vous l’avez dit parce que la technologie pour ramener les humains sur Terre n’existe pas encore. Et le tout aurait été financé par l’audience générée par un grand show télé qui raconterait le quotidien de ces Robinson Crusoé des temps modernes pendant toute la durée de leur aventure. Le projet avait fait un tabac médiatique en 2012 avec près de 200 000 personnes qui avaient postulé pour avoir la chance d’être les premiers humains à décéder sur une autre planète. – Mon nom est Lauren Reeves et je suis une humaine. S’il vous plaît, envoyez-moi sur Mars. – … et pourquoi ne voudrions-nous *pas* faire cela ?! – Leila, mais… mais parce que vous êtes certaine de ne jamais revenir ! Un rapport du MIT s’était rapidement inquiété de la faisabilité d’une telle mission avec les technologies de l’époque et avait conclu que l’équipage ne tiendrait pas plus de deux mois avant de mourir suffoqué, déshydraté, affamé ou incinéré. Fort heureusement, on n’aura jamais à assister à un tel spectacle morbide puisque l’entreprise derrière Mars One a fait faillite en 2019. Et rassure toi, si jamais tu es en manque de télé réalité martienne… Non-non, ça va… … mais que tu n’aimes pas voir des gens mourir en direct, … Non ? j’ai exactement ce qu’il te faut. Tu connais Stars on Mars ? Bon, je connais aucune des stars en question… Suis je un gros ringard ? La question est vite répondue qui mérite d’être posée. Bon, mais est ce qu’on pourrait pas te dire que tu sous estimes l’inventivité humaine qui nous a quand même permis de développer des merveilles technologiques comme TikTok ou les godemichés connectés ? Est ce que c’est pas juste une question de temps et d’innovation pour que ces obstacles à surmonter ? Alors bien entendu, on pourra toujours réfléchir en bon ingénieur et penser que tous ces obstacles seront un jour contournés par une bonne dose de matière grise, d’huile de coude et de caféine. Mais contrairement à ce que suggère le discours des entrepreneurs ou lobbyistes de l’espace à la Musk, la science est encore très loin d’avoir trouvé une solution à toutes ces difficultés. Et les entreprises ou organisations du secteur aérospatial sont encore très loin d’avoir trouvé un modèle économique viable. Donc la colonisation de Mars, c’est sans doute pas pour demain et certainement pas pour dans 20 ans. Bon, mais moi quand j’entends parler colonisation spatiale, j’ai toujours la même question en tête : même si c’était possible, est-ce que ce serait souhaitable ? Bien sûr, il y a la question du coût d’opportunité. Aujourd’hui, il est essentiel de grands projets d’investissement de ce genre devrait sûrement être leur contribution à l’atténuation et l’adaptation au réchauffement climatique. Et c’est très loin et clair que ces projets de colonisation martienne y participent vraiment substantiellement. Mais même si on met ces questions de budget et de priorités entre parenthèses, est ce que, en soi, établir une colonie sur Mars, ce serait une bonne idée ? Outre le fantasme science fiction, qu’est ce que ça donnerait en pratique ? Au fond, à quoi ressemblerait une telle martienne ? Quelle influence auraient les conditions de vie et de survie dans l’espace sur la vie quotidienne des habitants de Mars et sur le type de société qu’on pourrait y développer ? J’ai été voir à ce jour, depuis le début des voyages spatiaux, le nombre d’êtres humains qui sont allés dans l’espace s’élève à peine à un peu plus de 600 personnes, dont une écrasante majorité d’hommes. Et le record de la plus longue durée d’un séjour dans l’espace est d’environ un an et deux mois. Détenu par le cosmonaute Valeri Poliakov pour son séjour sur la station Mir. Autant dire qu’on manque énormément d’expériences sur les risques d’une telle colonie spatiale de longue durée, tant pour les individus que pour la société. Vu le rôle grandissant du secteur privé dans l’exploration spatiale, il y a de fortes chances qu’une colonie martienne ressemble à une ville-usine. Eh ben dis moi, rien qu’au nom, ça a l’air sympa. Et c’est quoi une « ville-usine » ? Les villes-usines ou Company Town sont des zones résidentielles mises à disposition par le patron d’une mine ou d’une usine pour héberger ses ouvriers. Un peu comme la charmante ville dans Charlie et la chocolaterie. On est donc entre le XIXᵉ et la première moitié du XXᵉ siècle. Ces villes usines étaient parfois conçues dans un esprit utopique présenté comme des villes modèles et patrons cherchant à assurer la paix sociale en offrant à leurs ouvriers des conditions de vie confortables. Mais on peut citer par exemple la ville de Pullman, au sud de Chicago, le Familistère de Guise ou Bataville en Moselle. Mais si certaines de ces villes modèles ont permis d’améliorer les conditions de vie des ouvriers, tout n’était pas rose pour autant. D’abord, l’aspect paternaliste y était très présent et il n’était pas rare que des patrons imposent leurs normes religieuses, culturelles ou hygiénistes. L’exemple classique est celui de Henry Ford qui avait mis en place un service d’inspection qui surveillait la vie privée de ses employés pour s’assurer que ceux-ci mènent une vie conforme aux valeurs protestantes et ne tombent pas dans les vices comme l’adultère ou la consommation d’alcool. En outre, aux États-Unis, où le terme Company en en a acquis son sens le plus dystopique, on dénombre un certain nombre d’expériences assez fâcheuses. En effet, il était assez courant d’y voir des villes-usines isolées géographiquement ou non-constituées en municipalités, ce qui en gros veut dire pas de maire, pas de préfet ou quoi que ce soit. Le patron de l’usine est l’autorité suprême. Qu’est ce qui pourrait mal tourner là dedans…. ? Eh bien, par exemple, le fait qu’à Pullman, le monopole de la compagnie sur le logement, les commerces ou la fourniture d’eau et de gaz lui permettait de demander des prix prohibitifs directement déduits de la fiche de paie… Pratique ! Et comme les logements étaient réservés aux employés, lorsqu’un employé perdait son boulot, il perdait aussi son logement. Ce qui fait que lorsque la crise économique de 1833 poussa la compagnie à diminuer les salaires d’un tiers tout en continuant d’exiger les mêmes prix et les mêmes loyers, eh bien les travailleurs ont entamé une grève qui prit une ampleur nationale et qui s’acheva par l’intervention de l’armée et une trentaine d’ouvriers tués. Carrément ! La grève nationale ? Ah les Etats-Unis c’était quand même pas pareil à l’époque… Autre exemple bien trash : les villes minières aux États-Unis, fin XIXᵉ, où les mineurs étaient payés, au moins en partie, avec la monnaie de la compagnie, utilisable uniquement dans le magasin de la compagnie. “… Je dois mon âme au magasin de la compagnie…” (16 tons, de Tennesse Ernie Ford) Et comme la compagnie faisait crédit aux employés sur leurs prochains salaires, ceux-ci entraient parfois dans des spirales d’endettement envers leur employeur qui pouvaient aller jusqu’à créer des situations de servitude pour dettes. Autrement dit, une forme d’esclavage. Et bien sûr, ici aussi, le fait de se syndiquer ou de faire grève était sévèrement réprimée. Et dans le cas extrême des guerres du charbon en Virginie, on a même vu des patrons tirer à la mitrailleuse et jeter des bombes artisanales sur les grévistes. Ok, là t’as été prendre des exemples bien trash, mais j’imagine que toutes les usines ne tournent pas aussi mal… . Est-ce que ça tourne forcément mal ? Non. Mais dans le cas des villes usines, il semble que certains circonstances soient susceptibles de générer des situations d’exploitation ou d’abus. D’une part, lorsque la mobilité des travailleurs est faible en raison par exemple de l’isolement géographique et d’autre part, lorsque les conditions économiques sont défavorables, ce qui peut amener la compagnie à dégrader les conditions de travail pour réduire les coûts. Or, dans le cas d’une station spatiale sur Mars, séparées par des dizaines, voire des centaines de millions de kilomètres de la Terre, avec des coûts d’entretien gigantesques, on peut s’attendre à ce que la mobilité des travailleurs soit extrêmement faible si pas nulle, et que le contexte économique soit extrêmement tendu. Par contre, dans le cas des astronautes surdiplômés et surentraînés envoyés pour s’installer sur Mars, on peut s’attendre à ce qu’ils soient un peu plus choyés par leur employeur que les mineurs américains du début du 20ᵉ. Certes, et encore heureux d’ailleurs. Mais pour maintenir une colonie, il faudra aussi une armée de techniciens, d’agents d’entretien, de cuisiniers, de coiffeurs, de kiné, etc. Et s’il y a bien un point commun aux deux leaders dans la course à l’espace que sont John Musk et Jeff Bezos, ce sont les conditions de travail déplorables de leurs employés sur Terre, avec notamment de très nombreux accidents de travail sans compensation, un taux élevé de burn out, des licenciements massifs, les discriminations raciales et une culture du harcèlement sexuel. Pas vraiment le genre d’employeur modèle à qui vous auriez envie de confier le reste de votre existence… Si vous avez ce genre d’envie ? En outre, on l’a dit, la rentabilité d’une colonie martienne serait sûrement extrêmement délicate. Du coup, que se passerait-il si une colonie spatiale faisait faillite ? Comment rapatrier 1000 ou 10 000 employés sur terre ? Et je parle même pas d’un million, sachant que les fusées les plus grosses qu’on envisage aujourd’hui pourraient embarquer une centaine de personnes tout au plus. Et puis, à plus petite échelle, il se passe quoi si un employé perd son boulot sur Mars ? Être expulsé de son logement signifierait être condamné à une mort certaine, à moins que l’employeur ne s’engage à fournir à l’ancien employé une place dans la prochaine fusée retour, ce qui coûterait cher. Ou à fournir un logement et de l’aide sociale aux chômeurs de longue durée. Ce qui coûterait cher aussi. Supposons que les employeurs garantissent au moins un logement et ne quittent personne dans l’espace. Mais de là à garantir des conditions de vie décentes, il ne paraît pas inimaginable que l’assurance survie des travailleurs licenciés se fasse au prix d’un rationnement drastique de la taille de leur logement, de la qualité de leur nourriture, voire de la quantité d’oxygène dont ils disposent. Bien sûr, tout ça plaide en faveur de la création d’organismes de protection du travail ou délégation syndicale. Mais si on en juge par l’opposition féroce de Jeff Bezos ou de Musk à toute forme de syndicalisation pour les employés sur Terre, les perspectives ne sont pas jojo pour la création d’un syndicat des travailleurs martiens. Mais soyons honnêtes, quand on lui pose la question en interview Et Musk répond qu’il n’envisage pas du tout de créer une ville-usine qui serait dirigée par lui même. Mais une vraie ville gouvernée par le peuple de Mars. – Ce serait la ville de qui ? La ville de la NASA ? La ville de SpaceX… ? – C’est la Ville du Peuple de Mars ! Ultimement, il appartiendra au peuple de Mars de décider comment ils veulent repenser la société Bien sûr, j’ai quelques recommandations… que le peuple de Mars pourra choisir de… d’écouter ou non Je plaiderais pour… plutôt pour une démocratie directe, pas une démocratie représentative… Bon alors imaginons qu’on fasse confiance à Elon Musk pour se comporter en vrai démocrate, en dépit de tout ce qu’on sait de ses opinions politiques ou de son soutien à Trump, …ou des témoignages de ses propres employés qui le décrivent comme un tyran égocentrique. Voilà. Donc imaginons qu’il se comporte en vrai démocrate, en dépit de tout ce qu’on sait de lui. Ou si ça demande trop d’effort, imaginons une colonisation de Mars qui soit le fait d’une coalition d’acteurs sincèrement convaincus par les idéaux démocratiques. Donc même avec les meilleures intentions du monde, est ce qu’il est plausible de voir advenir une société libre et démocratique dans une colonie spatiale sur Mars ? En tout cas, c’est ce que supposent les enthousiastes de la colonisation spatiale qui ont souvent le fantasme de l’espace comme une page blanche, une opportunité de repartir de zéro et de poser les bases d’une société utopique. Tout cramer et repartir sur des bases saines. Oui et pourtant, en pratique, vu les particularités de l’environnement spatial qui risquent de contraindre le type de système politique qui pourrait régir une telle colonie, on peut se demander si on n’est pas plutôt face à un gros potentiel dystopique. Alors ? En effet, selon certains, comme le chercheur britannique Charles Cockel, les conditions extrêmement hostiles à la vie dans l’espace pourraient constituer une limite considérable sur la liberté individuelle et favoriser, dit-il, les formes de tyrannie les plus épouvantables que la société humaine puisse concevoir. En effet, comme on l’a vu tantôt, à peu près tout sur Mars veut vous tuer. Et cette hostilité fondamentale de l’environnement martien à la vie humaine imposera une infrastructure technologique de support-vie extrêmement exigeante. Et donc ces conditions technologiques particulières auront forcément pour effet de restreindre la liberté individuelle, comme le note Coquelle. Même dans les pires environnements terrestres, comme une station scientifique en Antarctique où les conditions de vie sont difficiles. En gros, sauf en cas de blizzard, un individu peut toujours sortir et échapper pour quelques temps à la société, à la seule condition d’avoir une bonne combinaison ski sur Mars. Ce genre de petit tour dehors nécessiterait minimalement une combinaison spatiale permettant de réguler la pression, fournir l’oxygène, retirer le CO2 et réguler la température, que cette combinaison soit entretenue et contrôlée et de pouvoir accéder à un sas sécurisé permettant de quitter la station sans mettre en danger les autres habitants. Et je ne sais pas si vous avez déjà regardé un live de la NASA pour une space walk. Moi oui… Et bien c’est extrêmement pénible !! La préparation pour une sortie dans l’espace commence déjà deux semaines à l’avance. Et puis le jour même, la préparation dure environ 5 h; durant lesquelles les astronautes subissent 36 tests, 36 procédures assistées par deux co-équipiers plus toute une équipe au sol. Ensuite, quand les astronautes peuvent enfin entrer dans le sas pour ne pas souffrir du mal de décompression qui peut être fatal, il doit d’abord évacuer tout l’azote de leur système respiratoire en respirant de l’oxygène pur pendant environ 1 h. Suite à quoi, après encore de nombreux échecs, ils peuvent enfin sortir du véhicule. Donc sortir dans l’espace, c’est vraiment pas comme enfiler une grosse veste, un bonnet et un tuba. C’est une activité qui prend énormément de temps de préparation, donc pas le genre de truc que tu fais sur un coup de tête. Donc la nécessité de vivre confinés dans des environnements clos, climatisés et pressurisé impose nécessairement des limites considérables à la liberté de mouvement. En outre, sur Terre, les systèmes techniques dont défaillance peut avoir un impact mortel sur une grande partie de la population sont relativement limités. On peut penser, par exemple, aux barrages ou aux centrales nucléaires. Sur Mars, la quantité de systèmes indispensables à la survie d’une colonie rend toute défaillance absolument catastrophique dépressurisation de la station, défaillance de la production d’eau ou d’oxygène, fuite de gaz empoisonnant l’air, etc. Et donc cette dépendance absolue à ces systèmes de survie. impliquent la mise en place de systèmes de surveillance permanent. Les épidémies seront également un danger beaucoup plus important dans des environnements confinés et les individus devront sûrement faire l’objet d’un suivi médical très étroit. Tout ça fait que toujours d’après pour nos colons martiens, des garde fous classiques contre la tyrannie que sont la contestation, la désobéissance ou la fuite seront extrêmement faibles, voire inexistants. En effet, pour ce qui est de la contestation, la désobéissance risque d’être particulièrement difficile et peu tolérée dans un environnement où la surveillance des individus est permanente et facilitée par l’environnement confiné. Et en fait, la défense du statu quo sera d’autant plus facile à faire admettre que les perturbateurs pourront aisément être présentés comme des menaces non seulement envers la paix sociale, mais envers la survie même de la communauté. Donc bon courage d’avance aux militants d’Extinction Rebellion dans l’espace, même s’ils s’en prennent déjà souvent plein la poire sur terre. Enfin, sur Mars, la fuite hors de la société est évidemment impossible. Comme le dit Cockel, la mort est la seule échappatoire possible au contrat social. Autrement dit, le simple fait d’être vivant dans l’espace impliquerait le consentement au contrat social et donc au pouvoir de l’Etat, seul capable de fournir et de maintenir l’infrastructure technique permettant la vie humaine. En outre, un risque important de dérive vers la tyrannie vient de ce que Cockel le problème de l’oxygène. Alors que sur terre, l’environnement produit de l’oxygène en suffisance pour tous sur Mars. Celui ci n’est évidemment pas librement disponible. Il doit être produit, distribué et entretenu grâce à des systèmes technologiques complexes. Et cette dépendance inhérente à la technologie crée un dangereux point de contrôle, un monopole sur l’oxygène dans une colonie spatiale pourrait facilement être utilisée comme levier pour accroître son pouvoir économique ou politique ou pour subjuguer toute opposition sur terre. Il est déjà arrivé qu’un commandant sous-marin à juste proportion d’oxygène ou de dioxyde de carbone, suivant qu’il voulait rendre son équipage plus énergique ou au contraire plus léthargique. Donc imaginez les risques dans l’espace. Quiconque contrôle l’approvisionnement en oxygène dans une colonie spatiale, qu’il s’agisse d’une entreprise ou de l’État, détient potentiellement un immense pouvoir sur la population. Et le problème se pose aussi pour d’autres biens essentiels comme l’eau, la nourriture, etc. Alors on pourrait envisager tout un tas de solutions à ce problème, comme la création d’une coopérative pour la fourniture des biens vitaux, la garantie des conditions, la libre concurrence, la décentralisation de leur fourniture ou encore la modularisation de l’infrastructure à travers la colonie. Il n’empêche que ce problème de l’oxygène constitue une vulnérabilité importante des sociétés spatiales qui alimentent un contexte favorable à la tyrannie. Et donc, à moins de réfléchir de manière proactive à des systèmes institutionnels qui permettraient de protéger la liberté individuelle et les valeurs démocratiques contre ces tentations sécuritaires et autoritaires. On a de bonnes raisons de douter des chances d’une démocratie sur Mars dans l’espace. Fonder une colonie sur Mars, ça veut dire avoir des humains qui résident sur la planète rouge pour de longs séjours, voire pour toute leur vie. Et donc ça veut dire qu’il va falloir parler bébé. Et encore « parler bébé », c’est déjà avec un peu de chance. Parce qu’à supposer qu’on ait les moyens médicaux de suivre des grossesses dans l’espace, on a aucune fichtre idée de l’effet des conditions martiennes sur le développement à terme d’une grossesse, ni sur le développement normal d’un enfant. Donc en fait, dans l’état actuel des connaissances, envoyer des gens se reproduire dans l’espace reviendrait à entamer une gigantesque expérience médicale grandeur nature sur des fœtus, des bébés ou des personnes enceintes. Je ne pense pas qu’il faut être un spécialiste en philosophie morale pour voir les gigantesques problématiques que ça soulève sur terre. La sexualité ou la procréation posent des enjeux éthiques délicats, et pas seulement en raison de l’étrange obsession de la plupart des religions sur ces questions. Si on devait plus parler que de ce qu’on a vu, est ce que le pape parlerait du stérilet de ma belle sœur ? Mais surtout parce que sexualité et procréation ont un lien étroit avec l’intimité et que les choix les concernant ont souvent une place essentielle dans les plans de vie des personnes. Et évidemment, sur Mars, tous ces enjeux sont encore beaucoup plus compliqués. Voyons voir ce qu’il en est. On se moque beaucoup de lui, mais ce pauvre Elon Musk est quelqu’un de très angoissé. Alors attention, il n’est pas angoissé par le même genre de chose que des péquenots comme vous et moi, comme les risques existentiels posés par le changement climatique ou ce genre de choses… Non, il a angoissé par la démographie. Ben oui, classique, il est angoissé par la surpopulation. Ah non, c’est l’inverse et le Musk est angoissé par la surpopulation, convaincu par les arguments étranges du mouvement pro nataliste qui fait fureur dans la Silicon Valley. Musk considère que l’effondrement démographique est le plus grand danger auxquels fait face la civilisation. Un risque plus sérieux même que le réchauffement climatique. D’où le fait qu’il ait fait 36 marmots aux noms farfelus comme X A à douze, etc. Bon, on va pas perdre trop de temps là dessus, ni sur les futures névroses des pauvres rejetons d’Elon Musk, ni sur les théories sur l’effondrement démographique. « Ami puissant et éminent, faites des tas d’enfants pour contrer l’effondrement de notre civilisation à venir et anéantir en douceur ces pauvres et ces étrangers qui vont nous remplacer ». Sur Mars par contre, si l’objectif est de fonder une colonie autonome, Musk pourrait avoir de bonnes raisons de s’inquiéter d’une démographie trop faible. En effet, vu le caractère foncièrement hostile de l’environnement spatial, et s’il s’avère que les grossesses sur Mars sont particulièrement pénibles et à risque, il est fort possible que les potentielles recrues ne se bousculent pas au portillon et donc le nombre de bébés pourrait être insuffisant pour assurer les objectifs de population de la colonie. Surtout si, comme Musk, vous ambitionnez de faire vivre 1 million de personnes sur Mars et que vous pouvez peut être pas compter sur les fusées actuelles pour envoyer tout ce beau monde. Mais du coup, s’il s’avère nécessaire de renflouer la population de la colonie et si les incitatifs classiques comme les allocations familiales ou autres politiques natalistes ne suffisent pas, qu’est ce qu’on fait ? Outre la pression sociale déjà très problématique, ne risque t on pas d’assister à des mesures très dérangeantes, comme une obligation contractuelle à procréer ? Et à l’inverse, est ce qu’on risque pas d’avoir des discriminations à l’embauche vis à vis de candidats astronautes, homosexuels, asexuels, infertiles ou simplement non désireux d’avoir ou de porter un bébé ? Mais peut être que le plus grand risque n’est pas tellement celui de la surpopulation… On l’a vu, dans une colonie spatiale, la vie sera vraisemblablement soumise à des contraintes de ressources très importantes oxygène, nourriture, etc. Et vu ces conditions de rareté, la taille d’une colonie martienne sera sûrement étroitement calibrée en fonction de la taille de sa population. Qu’est ce que ça veut dire pour nos bébés martiens ? Eh bien, ça veut dire qu’on risque fort d’assister à un strict contrôle des naissances vu les risques que ferait courir un nombre excessif de grossesses pour la colonie. Ressources consacrées au suivi médical de grossesses à risques, nécessité de répartir les tâches de la mère pendant le congé de maternité. Et tout ça pour se retrouver avec une bouche de plus à nourrir dans le meilleur des cas. Donc contrôle des naissances avec potentiellement des mesures très peu sympathiques comme un nombre maximum d’enfants par parents, voire un permis de procréer ou pourquoi pas, des mesures de contraception obligatoires. Et du coup, qu’est ce qui arrivera aux inévitables contrevenants ? Va-t-on leur imposer des amendes à payer en travail forcé, une limitation des ressources à disposition du bébé, un avortement forcé… ? Que des options éthiquement répugnantes. Mais il y a pire encore. Qu’arrivera-t-il si, dans cette colonie, dans un environnement hostile aux ressources très limitées, une grossesse donnait naissance à un enfant affecté de handicaps physiques ou mentaux, ou avec des besoins spécifiques qui nécessiteraient des aménagements coûteux en ressources et dont la contribution purement matérielle à la survie de la colonie risquerait donc d’être plus faible que celle d’autres individus plus adaptés à la vie sur Mars. Comme le note Zach et Kelly Weinersmith, c’est une hypothèse que la plupart des enthousiastes de la conquête spatiale négligent complètement. Et ceux qui abordent la question ont une fâcheuse tendance à répondre de manière évasive en évoquant le fait de « laisser jouer la sélection naturelle » ou en suggérant que « la survie de l’espèce humaine requiert de mettre l’éthique et la morale entre parenthèses ». D’autres, plus explicites, parlent de politique « pro avortement permissive » (sic), parce que, disent ils, « la naissance d’un enfant handicapé serait très préjudiciable à la colonie ». Déjà aujourd’hui, sur terre, dans un certain nombre de pays, le dépistage prénatal donne souvent lieu à une décision d’IVG en cas de diagnostic d’anomalie génétique comme la trisomie 21. On peut donc craindre qu’une société martienne génère une intense pression sociale, voire carrément une obligation de recourir au dépistage prénatal en vue non seulement d’interrompre la grossesse du fœtus non viable ou atteint de maladies graves, mais ultimement, de ne pas donner naissance à des individus qui seraient considérés comme mal adaptés, anormaux ou moins productifs. Et bien sûr, tant qu’on en est là, il n’y a qu’un pas avant la tentation de sélectionner de manière proactive les traits les plus adaptés à la santé et à la productivité des futurs membres de la colonie martienne. Autrement dit, les conditions difficiles de la survie sur Mars risquent de conduire à une pression considérable en faveur de l’eugénisme. Et d’ailleurs, les êtres génétiquement modifiés pour résister à l’espace sont un cliché de la science fiction. Des « spacers » dans Fondation, aux navigateurs de la guilde dans Dune. Et c’est sans doute parce que les avantages théoriques pour la colonisation spatiale seraient considérables. L’être humain a été tellement adapté aux conditions de vie sur Terre qu’il ne peut pratiquement vivre que sur cette planète. Et donc, plutôt que de tenter de recréer l’environnement terrestre sur d’autres planètes ou les stations spatiales, pourquoi ne pas adapter l’être humain aux conditions de vie dans l’espace ? Le généticien américain George Church a toute une shopping list de modifications génétiques simples qui pourraient améliorer l’adaptation des êtres humains à l’espace. Le CTNNB1 pour une meilleure résistance aux radiations, le SOST pour réduire la perte osseuse TRIM63 pour réduire l’atrophie musculaire, sans oublier le ABCC11 pour diminuer l’odeur des dessous de bras. Toujours appréciable quand on passe ses journées dans un environnement confiné. Véridique. Et bien sûr, tout ça pose une série de questions éthiques monumentales, parmi lesquelles les risques de discrimination raciale, sexuelle ou validisme qu’il y a, l’eugénisme ou les risques d’inégalité d’accès à ces techniques de modification génétique et ultimement la création de plusieurs races humaines, l’une augmentée et l’autre non. Une autre question difficile est celle de savoir si un enfant né sur Mars dans l’espace ou dans n’importe quel contexte de microgravité pourra un jour revenir sur Terre. En effet, la gravité martienne n’est environ que de 38 % de celle de la Terre. Pour un enfant grandissant sur une planète où la gravité est deux tiers moins intense, il est donc possible que le corps humain se développe de façon assez différente et donc que le corps de quelqu’un ayant grandi sur Mars ne soit pas capable de supporter la gravité écrasante de la Terre. Dans la série The Expanse, le poids de la gravité terrestre pour les individus né sur Mars dans l’espace est un motif récurrent et le fait de subir la gravité terrestre est même utilisé comme méthode de torture contre un homme de la ceinture d’astéroïdes. Bref, est on vraiment prêt à affronter les enjeux éthiques liés à la procréation sur une colonie martienne ? Des colons martiens auraient ils ou elles encore des droits reproductifs ? Ou les choix individuels seraient ils largement écrasés par l’impératif de survie de la collectivité ? Ce serait pas mal d’un peu défricher toutes ces questions avant de faire des plans sur la comète. Et niveau plan sur la comète, on aurait encore pu parler des jolies dingueries de Jeff Bezos, comme son plan de déplacer les industries dans l’espace pour des raisons écologiques. À part les émissions des lanceurs spatiaux j’imagine. Ou son projet de cylindre O’Neill, ses colonies en forme de roue en rotation sur elle même pour simuler la gravité. Un projet qui en est à peu près nulle part. Ce qui n’empêche pas de le présenter en conférence avec des visualisations étrangement détaillées, avec notamment des répliques de la cathédrale de Florence, des dirigeables, des fermes et même des cerfs sur des piton rocheux. Tiens, Sébastien, tu pourrais nous faire un petit état des lieux de la littérature scientifique sur l’adaptation des cerfs à la vie dans l’espace ? Alors oui, il y a absolument zéro littérature sur le sujet. Merci. Alors soyons clair, ni Sébastien ni moi n’avons rien contre la recherche spatiale ni contre la science-fiction. Mais quand on confond les deux et qu’on nous hype ça pour après-demain si ce n’est pour demain, ça devient assez problématique. Et le truc, c’est qu’à force d’entendre tous ce bullshit répétés dans les médias et d’avoir été biberonné aux récits prométhéens sur l’inéluctabilité du progrès technique, on finit nous même par croire que la colonisation de Mars, c’est déjà pour demain ou dans dix ou 20 ans. Or, comme on l’a vu, même si on parvenait à surmonter les difficultés technologiques énormes qui se posent pour un tel projet, on peut vraiment douter qu’il soit souhaitable. Déjà parce que ça nécessiterait de mobiliser des ressources gigantesques qui feraient sans doute mieux d’être mises au service de causes essentielles pour l’humanité, comme la lutte contre le réchauffement climatique, faut il le rappeler. Mais aussi parce que le potentiel dystopique de ces projets de colonies sur Mars est tellement immense que ce serait bien de se poser un peu pour réfléchir aux nombreux problèmes éthiques béants pour lesquels on a même pas un début de commencement de réponse. On ne peut pas se permettre de faire le gros dos en disant que l’éthique c’est pour les emmerdeurs. Tout ça parce qu’on a peur d’avoir la honte d’être une civilisation à une seule planète et qu’on trouve que Star Trek c’est cool. Personne ne veut être une de ces minables civilisation-à-une-planète ! J’veux dire… Être là-haut dans les étoiles… Genre… Tu vois… Faire en sorte que la science-fiction ne soit pas de la fiction pour toujours ! … rendre Star Trek réel ! Tiens, d’ailleurs, vous savez qui n’arrête pas de parler d’éthique et de morale ? Eh bien, Star Trek ! La décision que vous prendrez aujourd’hui déterminera comment nous considérerons cette… … création de notre génie. elle révèlera le genre de personnes que nous sommes ! Elle pourrait significativement redéfinir les frontières de la liberté individuelle et de l’autonomie en les élargissant pour certains… et en les restreignant férocement pour d’autres. .
Déroulement de la vidéo:
0 “Il n’y a pas de planète B”…
0 – Il n’y a pas de planète B
0 – Il n’y a pas de planète B !
0 Comment ça
a pas de point B ?
0 Et si je vous disais
qu&;à seulement
0 quelques dizaines de millions
de kilomètres de la Terre,
0 il existe une planète
avec du carbone, de l&;azote
0 et d&;immenses quantités d&;eau
0 dans les calottes polaires
et sous le surface.
0 Une journée qui dure
un peu plus de 24 h terrestres
0 et le climat
est presque clément
0 avec une température moyenne
de -65 degrés.
0 Mais au niveau de l&;équateur,
à l&;été,
0 à 12 h, vous pouvez atteindre
un confortable 21 degrés.
0 je pense qu’il faut…
0 il vous faut des raisons de
vous lever le matin
0 et de vouloir vivre
0 Nous avions l’habitude de lever
le regard vers le ciel
0 et de nous demander
0 quelle est notre place parmi les étoiles…
0 Genre, pourquoi tu veux vivre ?
0 Ça sert à quoi ?
0 Personne ne veut être une de ces
0 minables civilisation-à-une-planète !
0 – C’est comme si on avait
oublié qui nous sommes, Donald…
0 … des explorateurs, des pionniers !
0 Pas des soignants…
0 C’est important pour
0 maximiser la durée de vie probable
0 de l’humanité ou de la conscience
0 La civilisation humaine pourrait
prendre fin…
0 … ça pourrait être la 3e guerre mondiale, ou
0 en raison d’un déclin graduel
de la civilisation…
0 – Vous imaginiez
0 que durant les années 2030
0 tous les deux ans
0 quelque chose comme un millier
de vaisseaux spatiaux
0 décolleraient, chacun avec une
centaine de passagers ou plus
0 Oui, ce serait comme dans Battlestar Galactica,
0 la flotte s’en va.
0 Nous ne sommes pas censés sauver le monde…
0 Nous sommes censés le quitter.
0 Et un jour en effet…
0 Nous occuperons Mars !
0 Parce que notre destin…
0 est au-dessus de nous.
0 Voici Mars.
0 N&;est ce
pas une belle planète B. ?
0 Prête pour un nouveau départ ?
0 Euh non, carrément pas non…
0 Ha ! Je vous vois venir.
0 Vous devez être un de ces
0 écolos-décroissant
qui détestent l&;espace.
0 Un vrai spatiophobe !
D’ailleurs…
0 Qui êtes vous ?
0 Je suis Sébastien Carassou,
docteur en astrophysique
0 et vulgarisateur sur la chaîne
Le Sense of Wonder.
0 Ah… pas vraiment
spatio-phobe donc…
0 Alors écolo, certainement.
0 Mais spatio-phobe.
Pas vraiment, non…
0 Et… si nous ne sommes pas là haut
0 Si le futur n’inclut pas
0 être là-haut dans les étoiles
0 et être une espèce multi-planétaire
0 je trouve ça incroyablement déprimant
0 si ce n’est pas le futur qui nous attend…
0 Dans cette vidéo,
on va se demander deux choses :
0 coloniser Mars,
est ce que c&;est viable ?
0 Et même si c&;est le cas, est
ce que ce serait souhaitable ?
0 Une colonie sur Mars est elle
plutôt de l&;ordre de l&;utopie
0 ou de la dystopie ?
0 On discute de tout ça avec
l&;excellent Sébastien Carasso
0 Et on va notamment s&;inspirer
de ces deux
0 excellents bouquins : A city on Mars
de Zack & Kelly Weinersmith
0 et Off-Earth par Erika Nesvold.
0 Un immense merci à mes tipeurs & tipeuses
pour leur soutien inestimable.
0 Et si vous voulez m&;aider
0 à faire grandir cette chaîne,
0 vous pouvez faire un tour
0 sur ma page Tipeee, Patreon,
ou KissKissBankBank.
0 C&;est dur à prononcer.
0 “KissKissBankBank”,
0 j&;allais dire l&;initiale,
mais ça fait caca-bébé c’est pas ouf :p
0 Et toi,
t&;y connais quoi sur Mars ?
0 Non, non mais j&;ai à fond
bossé le sujet.
0 J&;ai fait Surviving Mars,
0 Mars Colony Builder,
0 Red Faction…
0 Enfin… de la docu de ouf.
0 Et… tu penses vraiment
que ces jeux sont réalistes ?
0 Ah ben non bien sûr…
ha, ha !
0 Après … quand même un peu
dans les grandes lignes …
0 c&;est pas complètement
faux, non ?
0 Oui, bien sûr,
Tout comme Fortnite.
0 Décrit dans les grandes lignes
la réalité sur Terre.
0 Bon ben alors explique nous
0 qu&;est ce qu&;il
y a de si compliqué
0 à construire
une colonie autosuffisante
0 sur Mars,
0 sachant que pour Musk
il faudrait viser
0 une population d&;environ
1 million de personnes ?
0 Un ordre de grandeur
assez grossier
0 de combien de personnes
sont nécessaires
0 pour une ville auto-suffisante
0 est d’environ un million.
0 Et on peut le faire.
0 Et on peut faire ça en 20 ans !
0 Alors allez sur Mars,
on sait que c&;est
0 techniquement faisable.
0 Depuis les années 60,
0 on a envoyé près d&;une
cinquantaine de robots
0 analyser la planète rouge
sous toutes ses coutures
0 et en particulier trois rover
qui sont actuellement
0 en train de fouler sa surface
0 à l&;heure
où je tourne cette vidéo.
0 Mais ne vous laissez pas
tromper par
0 ce foisonnement
de missions spatiales,
0 Traversez le gouffre
entre les planètes
0 n&;est jamais une aventure
sans risque.
0 En pratique, seule
la moitié des sondes envoyées
0 vers la planète rouge
sont parvenues
0 à accomplir leur mission
en un seul morceau.
0 Pour le moment, ces missions
n&;impliquent que des robots
0 partiellement téléguidés
et partiellement autonomes.
0 Mais transporter les sacs
0 de chair et d&;os
que nous sommes vers
0 notre monde de système solaire
0 est une tâche autrement
0 plus complexe
que de transporter
0 un tas de boulons
et de circuits imprimés.
0 Déjà,
on n&;envoie pas des engins
0 sur Mars quand on veut
0 que Mars bouge tout le temps
sur son orbite par rapport
0 à la Terre.
0 La planète rouge
ne se retrouve au plus proche
0 de la Terre
qu&;une fois tous les 26 mois
0 et même en calibrant
0 la fenêtre de tir
et la trajectoire.
0 pour minimiser les coûts
en carburant,
0 il faudra compter entre six
et neuf mois avec
0 les technologies actuelles
pour envoyer un engin sur Mars
0 et idem
pour le voyage de retour.
0 Pendant tout ce temps,
0 votre joyeuse
bande d&;astronautes
0 devra être nourrie,
0 hydratée, soignée et stimulée
physiquement
0 et intellectuellement.
0 Quant aux conflits
interpersonnels
0 inévitables
dans ce genre d&;expédition,
0 ils devront être gérés
0 au mieux par du personnel
qualifié
0 pour éviter que votre équipage
ne finisse par s&;entre tuer.
0 Malgré ces difficultés,
les agences spatiales,
0 et en particulier la NASA,
0 sont relativement confiantes
qu&;un tel voyage
0 sera possible dans un avenir
relativement proche.
0 Tester la viabilité
des infrastructures
0 pour l&;exploration
de la planète rouge.
0 C&;est même l&;un des buts
des missions Artemis
0 qui devraient signer
0 le retour de l&;humain
sur la Lune à partir de 2026.
0 Si ces technologies
fonctionnent bien,
0 elles permettront d&;envisager
0 une première mission
habitée vers Mars
0 dans le début de la décennie
2030.
0 Mais on parle ici
d&;un équipage
0 d&;exploration scientifique
0 qui ne resterait pas
plus d&;une trentaine de jours
0 sur la surface martienne.
0 On est encore loin du fantasme
de l&;établissement
0 d&;une société
martienne sur des temps long.
0 Ok, mais une fois sur place,
le plus dur est fait, non ?
0 Un petit dôme géodésique,
quelques panneaux solaires,
0 des cultures de patates
fertilisées au caca et hop,
0 on a notre colonie sur Mars !
0 Alors j&;aurais envie
de te répondre
0 “presque” pour rester sympa,
mais en vrai,
0 absolument pas.
0 Il faut bien se rendre compte
du degré d&;hostilité
0 absolument ahurissant
de la planète Mars.
0 Imagine que la Terre
se retrouve dévastée par
0 un réchauffement climatique
complètement hors de contrôle
0 qui ferait passer
0 le pire scénario du GIEC
pour un paradis de bisounours.
0 La planète ravagée
par des méga feux,
0 des sécheresses,
des inondations.
0 Les océans s&;élèvent
0 de plusieurs dizaines
de mètres de hauteur
0 et des continents entiers du
globe deviennent inhabitable.
0 Rajoute par dessus ça
une guerre thermonucléaire
0 globale
qui éradique la quasi totalité
0 de la vie de surface.
0 Ok…
0 Et bien cette planète là,
0 elle sera toujours infiniment
plus hospitalière que Mars.
0 La planète Terre, c&;est
la seule planète connue
0 où tu peux aller
0 faire un tour dehors, tout nu,
sans risquer
0 autre chose que l&;atteinte
aux bonnes mœurs.
0 Sur Mars,
0 je te donne pas
plus de deux minutes
0 avant de décéder
dans d&;atroces souffrances.
0 Déjà parce qu&;il
n&;y a pas vraiment
0 d&;oxygène moléculaire
à respirer sur place.
0 L&;atmosphère martienne
est trop composée
0 à plus de 90 % de dioxyde
de carbone.
0 Bon, si ça peut te rassurer,
je n&;avais pas
0 forcément l&;intention d&;aller
faire du naturisme sur Mars,
0 en tout cas pas tout de suite.
0 Et bon,
je pensais plus à une colonie
0 avec une atmosphère régulée
et des machines à oxygène,
0 ça le fait pour survivre ça, non ?
0 Alors oui,
0 tu peux toujours augmenter
tes chances de survie
0 avec une machine qui convertit
le CO2 martien en oxygène.
0 Un peu à la manière
du prototype Moxie
0 qui a été embarqué
sur le rover Perseverance
0 en 2021
ce démonstrateurs
0 technologique
a fait ses preuves
0 en produisant
suffisamment d&;oxygène
0 pour permettre à un astronaute
0 de respirer pendant
une petite dizaine de minutes,
0 mais imagine l&;ampleur du défi
que représente
0 la mise à échelle
de cette technologie
0 pour alimenter
une ville entière.
0 Sinon,
il y a l&;usine à carburant.
0 Moi j&;aime bien.
0 C&;est une usine
0 qui produit du carburant
à partir de… d&;eau.
0 Évidemment, tu fais construire
ça par des drones, tout ça.
0 Facile quoi.
0 Et c&;est loin d&;être
le seul problème.
0 Comme Mars est une planète
biologiquement et géologique
0 morte, elle n&;a ni champ
magnétique ni couche d&;ozone.
0 Qui pourrait te protéger
des rayonnements ultraviolet
0 et des particules
0 chargées de haute énergie
0 que le soleil et la galaxie
nous envoient régulièrement
0 Ces rayonnements augmentent
la dose d&;irradiation
0 que tu vas encaisser
à la surface de Mars
0 avec tes conséquences
qui peuvent aller
0 du syndrome d&;irradiation
aiguë au risque accru
0 de développement de cancers
sur le long terme.
0 Donc ton double géodésique,
là, tu oublies.
0 A moins de vivre
dans des tunnels de lave
0 ou des cavernes,
0 ou de construire des habitats
martiens avec une couche de
0 suffisamment grande rigolade
qui au passage
0 est très abrasif,
0 il semble difficile de fournir
une protection durable
0 contre ce phénomène
qui est susceptible
0 de te tuer à petit feu.
0 Ok, donc on serait plus
0 dans un truc
0 genre abri anti-atomique
à la Fallout quoi…
0 C&;est vrai que d&;un coup
c&;est moins sexy…
0 Et c&;est pas tout hein !
0 L&;atmosphère martienne
0 est aussi 100 fois moins dense
que l&;atmosphère terrestre.
0 Au delà du fait que ça oblige
à évoluer en permanence
0 en combinaison
ou en habitat pressurisé.
0 Cette caractéristique,
elle a la fâcheuse conséquence
0 que l&;eau ne peut pas exister
0 à l&;état liquide de manière
stable à la surface de Mars.
0 Si tu veux avoir
la chance de boire
0 un grand verre
d&;eau fraiche tous les jours,
0 tu vas devoir aller
la chercher
0 au niveau
des calottes polaires où l&;eau
0 existe quasi exclusivement
sous forme de glace
0 et où les températures peuvent
0 descendre
jusqu&;à -153 degrés Celsius.
0 Une fois cette eau récoltée,
il va falloir avoir de quoi
0 la réchauffer,
mais aussi la filtrer
0 parce que le sol martien
est rempli
0 de sels de perchlorates
0 qui sont des composés toxiques
qu&;on classe
0 dans la catégorie des
perturbateurs endocriniens.
0 Ah bon ?
0 Mais alors et Matt Damon
et ses patates cultivées
0 avec son caca,
ça marche pas non plus ?
0 Et bien comme les
0 perchlorates représentent
0 jusqu&;à 1 % de la composition
du régolithe martien,
0 il y aurait de fortes chances
qu&;il
0 finisse par se retrouver
dans ta nourriture.
0 Donc si tu veux
des patates martiennes,
0 t&;as intérêt
à filtrer ton terreau
0 ou à faire
des cultures en hydroponie
0 dans des environnements
contrôlés.
0 Que les jeux vidéo
nous mentent,
0 à la limite passe encore…
0 Mais Hollywood ?
0 Je suis choqué !
0 Après, le tableau n&;est
pas tout sombre non plus.
0 Techniquement, Mars contient
tous les ingrédients chimiques
0 qui pourraient
en faire une planète
0 potentiellement viable
pour l&;émergence de la vie.
0 C&;est d&;ailleurs pour ça
0 qu&;elle est aussi intéressante
scientifiquement parlant
0 depuis qu&;on
y envoie des rover.
0 On sait notamment
que sa surface
0 contient une grande quantité
de CHNOPS.
0 Une grande quantité
de schnaps ?
0 CHNOPS, ce sont les six
éléments chimiques
0 majoritairement
utilisés par le vivant.
0 Mais la seule présence de ces
CHNOPS
0 ne suffira pas
à faire de la planète rouge
0 une planète accueillante
pour la vie terrienne.
0 En tout cas,
pas dans un futur proche.
0 Pour ça, il faudrait carrément
la terraformer,
0 ce qui impliquerait de changer
durablement la composition
0 de son atmosphère,
0 d&;introduire
des gaz à effet de serre
0 pour augmenter la température
globale de la planète
0 et faire fondre l&;autre
calotte polaire,
0 d&;introduire
des bactéries terriennes
0 sur Mars
pour faire de la photosynthèse
0 et permettre l&;existence
d&;autres formes de vie.
0 Bref, c&;est un projet
qui prendrait littéralement
0 des milliers d&;années
sans garantie de résultat.
0 On est clairement sur
de la science fiction.
0 Si on était techniquement
capable de terraformer Mars,
0 alors à plus forte raison,
on serait également capable
0 de réparer
une terre post-apocalyptique
0 vu que même
une terre post-apocalyptique
0 reste un point de départ
moins catastrophique
0 que Mars en terme
d&;hospitalité
0 à la vie humaine.
0 En plus,
0 même si c&;était possible,
si on pouvait façonner
0 une planète entière
à notre guise,
0 est ce qu&;on aurait raison
de le faire ?
0 Je sais que
le respect de l&;environnement,
0 et de la biodiversité
reste encore un concept
0 loin d&;être évident sur Terre…
0 Mais est ce que l&;humanité
a le droit moral d&;appliquer
0 un gigantesque programme de
démolition-reconstruction
0 à l&;échelle
d&;une planète ?
0 Surtout que s&;il existe
vraiment des formes de vie
0 sur Mars,
0 même à l&;échelle microbienne,
0 est ce que la terraformation
ne conduirait pas
0 à leur éradication ?
0 Est ce bien moral tout ça ?
0 Comme le disait
0 l&;astronome Carl Sagan, Mars
appartient aux Martiens,
0 même si les Martiens
ne sont que des microbes
0 … mais ultimement on pourrait transformer Mars
0 en une planète similaire à la Terre.
0 – Comment feriez-vous cela ?
0 – La méthode rapide c’est de lâcher
0 des bombes thermonucléaires
au-dessus des pôles…
0 – Vous êtes un supervillain !
0 C’est le genre de plan d’un supervillain !
0 – Oui…
0 En plus, sans même parler terraformation…
0 Rien que simplement fabriquer,
transporter,
0 installer tous les équipements
0 nécessaires à la vie
sur une autre planète,
0 tout ça a sûrement un coût
gigantesque.
0 Alors qui va payer
pour aller faire construire
0 cet abri souterrain
un peu nul sur Mars où
0 on peut même pas faire pousser
des patates facilement ?
0 Et comment justifier
0 tous ces frais alors
qu&;il y a des choses
0 beaucoup plus urgentes
pour l&;humanité,
0 comme la lutte
contre l&;extrême pauvreté
0 ou le réchauffement
climatique ?
0 Ah, tu poses la
délicate question
0 de la viabilité économique
de la colonisation de Mars.
0 Eh bien, à l&;heure actuelle,
il n&;y a aucune réponse
0 qui soit réellement
satisfaisante.
0 L&;argument le plus souvent
avancé par les lobbys de Mars,
0 c&;est la présence
sur la planète rouge
0 d&;une hypothétique énorme
0 quantité de ressources
précieuses
0 qui pourraient s&;avérer
0 très utiles à l&;industrie
terrienne, voire
0 à la transition écologique,
selon certains.
0 Parmi ces ressources,
0 on trouve des métaux rares
comme le cobalt,
0 le nickel ou le platinium,
0 qui sont très
utilisés en électronique
0 et dont les gisements
sur terre
0 sont progressivement en train
0 d&;être épuisés par
l&;extractivisme globalisé.
0 Mais on trouve aussi
le deutérium,
0 un isotope stable
de l&;hydrogène
0 qui se trouve être cinq fois
plus commun
0 sur la planète rouge
que sur la planète bleue
0 et qui pourrait servir
à alimenter d&;hypothétiques
0 futures centrales à fusion
nucléaire.
0 D&;autres scénarios
encore plus spéculatifs,
0 envisagent Mars comme
un avant poste
0 qui permettrait
0 de rejoindre plus facilement
la ceinture d&;astéroïdes
0 afin d&;y extraire encore
plus de métaux précieux.
0 Le problème
avec tous ces scénarios,
0 c&;est qu&;avec
les technologies actuelles
0 ou à moyen terme,
0 les coûts de transport
0 et la construction
d&;infrastructures
0 pour extraire
0 toutes ces ressources
dépassent de très loin
0 le potentiel
retour sur investissement.
0 Et à part l&;extractivisme
pas ouf…
0 Il y a d&;autres modèles
économiques ?
0 Et bien, pas grand chose
à vrai dire.
0 On peut penser
au tourisme spatial
0 pour ultrariches par exemple,
0 puisque ce serait un peu
les seules personnes
0 qui pourraient se permettre
de financer un tel voyage,
0 et les infrastructures
d&;installation qui vont avec.
0 C&;est d&;ailleurs
un marché de niche
0 qui existe déjà en orbite
terrestre aujourd&;hui.
0 Oui, un beau modèle économique
bien inutile, qui génère
0 des quantités astronomiques
de gaz à effet de serre.
0 Dans le genre encore plus
what the fuck ?
0 Un autre modèle économique
pourrait être la télé réalité.
0 La télé réalité ?
Non mais sérieux là ?
0 Non non, c&;est pas une blague.
0 C&;est d&;ailleurs
le plan très sérieux
0 du projet Mars One, initié
au début des années 2010
0 par l&;ingénieur hollandais
Bas Lansdorp. Son but,
0 c&;était d&;envoyer un équipage
0 de quatre personnes sur Mars
dès 2023
0 pour y installer une colonie
et finir leurs jours
0 sur place. Oui,
0 parce que le projet prévoyait
un aller *sans retour*.
0 – Attention :
0 c’est un billet sans retour…
0 – Un billet sans retour
0 – Un voyage aller simple
vers la planète rouge
0 – C’est une mission sans retour,
comme vous l’avez dit
0 parce que la technologie pour
ramener les humains sur Terre
0 n’existe pas encore.
0 Et le tout aurait été financé
par l&;audience
0 générée par un grand show télé
0 qui raconterait le quotidien
de ces Robinson Crusoé
0 des temps modernes
0 pendant toute la durée de
leur aventure.
0 Le projet avait
0 fait un tabac médiatique
en 2012 avec près de 200 000
0 personnes
qui avaient postulé
0 pour avoir la chance
0 d&;être les premiers humains
0 à décéder sur une
autre planète.
0 – Mon nom est Lauren Reeves
0 et je suis une humaine.
0 S’il vous plaît,
envoyez-moi sur Mars.
0 – … et pourquoi ne voudrions-nous
*pas* faire cela ?!
0 – Leila, mais…
0 mais parce que vous êtes
certaine de ne jamais revenir !
0 Un rapport du MIT
0 s&;était rapidement
0 inquiété de la faisabilité
d&;une telle mission
0 avec les technologies
de l&;époque
0 et avait conclu que l&;équipage
ne tiendrait pas
0 plus de deux mois
avant de mourir
0 suffoqué, déshydraté,
affamé ou incinéré.
0 Fort heureusement,
0 on n&;aura jamais à assister
à un tel spectacle morbide
0 puisque l&;entreprise
0 derrière Mars One
a fait faillite en 2019.
0 Et rassure toi,
si jamais tu es
0 en manque de télé
réalité martienne…
0 Non-non, ça va…
0 … mais que tu n&;aimes pas voir
des gens mourir en direct,
0 … Non ?
0 j&;ai exactement ce qu&;il
te faut.
0 Tu connais Stars on Mars ?
0 Bon, je connais
aucune des stars en question…
0 Suis je un gros ringard ?
0 La question est vite répondue
qui mérite d&;être posée.
0 Bon, mais est ce qu&;on
0 pourrait pas te dire
que tu sous estimes
0 l&;inventivité humaine
0 qui nous a quand même permis
0 de développer
des merveilles technologiques
0 comme TikTok ou les
godemichés connectés ?
0 Est ce que c&;est pas
juste une question de temps
0 et d&;innovation pour que ces
obstacles à surmonter ?
0 Alors bien entendu,
on pourra toujours réfléchir
0 en bon ingénieur et penser
0 que tous ces obstacles
seront un jour contournés
0 par une bonne dose
de matière grise,
0 d&;huile de coude
et de caféine.
0 Mais contrairement
à ce que suggère
0 le discours des entrepreneurs
0 ou lobbyistes de l&;espace
à la Musk,
0 la science est encore
très loin
0 d&;avoir trouvé une solution
à toutes ces difficultés.
0 Et les entreprises
ou organisations
0 du secteur aérospatial
0 sont encore très loin
0 d&;avoir trouvé
un modèle économique viable.
0 Donc la colonisation de Mars,
0 c&;est sans doute
pas pour demain
0 et certainement pas
pour dans 20 ans.
0 Bon, mais moi quand j&;entends
parler colonisation spatiale,
0 j&;ai toujours la même
question en tête :
0 même si c&;était possible,
0 est-ce que ce
serait souhaitable ?
0 Bien sûr, il y a la question
du coût d&;opportunité.
0 Aujourd&;hui, il est essentiel
0 de grands projets
d&;investissement de
0 ce genre devrait sûrement être
0 leur contribution
à l&;atténuation
0 et l&;adaptation
au réchauffement climatique.
0 Et c&;est très loin
0 et clair
0 que ces projets
de colonisation martienne
0 y participent
vraiment substantiellement.
0 Mais même si on met
ces questions
0 de budget et de priorités
0 entre parenthèses,
est ce que, en soi,
0 établir une colonie sur Mars,
ce serait une bonne idée ?
0 Outre
0 le fantasme science fiction,
0 qu&;est ce que ça donnerait
en pratique ?
0 Au fond, à quoi ressemblerait
une telle martienne ?
0 Quelle influence
auraient les conditions de vie
0 et de survie dans l&;espace
sur la vie
0 quotidienne
des habitants de Mars
0 et sur le type de société
qu&;on pourrait y développer ?
0 J&;ai été voir à ce jour,
0 depuis le début
des voyages spatiaux,
0 le nombre d&;êtres humains
qui sont allés dans l&;espace
0 s&;élève à peine à
un peu plus de 600 personnes,
0 dont une écrasante majorité
d&;hommes.
0 Et le record de
la plus longue durée
0 d&;un séjour dans l&;espace est
d&;environ un an et deux mois.
0 Détenu par le cosmonaute
Valeri Poliakov
0 pour son séjour
sur la station Mir.
0 Autant dire qu&;on manque
0 énormément d&;expériences
sur les risques d&;une
0 telle colonie
spatiale de longue durée,
0 tant pour les individus
que pour la société.
0 Vu le rôle
grandissant du secteur privé
0 dans l&;exploration spatiale,
il y a de fortes chances
0 qu&;une colonie martienne
ressemble à une ville-usine.
0 Eh ben dis moi, rien qu&;au
nom, ça a l&;air sympa.
0 Et c&;est quoi
une "ville-usine" ?
0 Les villes-usines
ou Company Town
0 sont des zones résidentielles
mises à disposition
0 par le patron d&;une
mine ou d&;une usine
0 pour héberger ses ouvriers.
0 Un peu comme
la charmante ville
0 dans Charlie
et la chocolaterie.
0 On est donc entre le XIXᵉ
0 et la première moitié
du XXᵉ siècle.
0 Ces villes usines étaient
parfois conçues
0 dans un esprit utopique
présenté
0 comme des villes modèles
0 et patrons
0 cherchant à assurer
la paix sociale
0 en offrant à leurs ouvriers
0 des conditions de vie
confortables.
0 Mais on peut citer par exemple
0 la ville de Pullman,
au sud de Chicago,
0 le Familistère de Guise
ou Bataville en Moselle.
0 Mais si certaines de
ces villes modèles
0 ont permis d&;améliorer
les conditions de vie
0 des ouvriers, tout n&;était pas
rose pour autant.
0 D&;abord, l&;aspect paternaliste
y était très présent
0 et il n&;était pas rare
0 que des patrons imposent
leurs normes religieuses,
0 culturelles ou hygiénistes.
0 L&;exemple classique
est celui de Henry Ford
0 qui avait mis en place
un service d&;inspection
0 qui surveillait la vie privée
de ses employés
0 pour s&;assurer
0 que ceux-ci mènent
0 une vie conforme
aux valeurs protestantes
0 et ne tombent pas
dans les vices
0 comme l&;adultère
ou la consommation d&;alcool.
0 En outre, aux États-Unis,
où le terme Company
0 en en a acquis son sens
le plus dystopique,
0 on dénombre un certain
0 nombre d&;expériences
assez fâcheuses.
0 En effet,
0 il était assez courant
0 d&;y voir des villes-usines
isolées géographiquement
0 ou non-constituées en municipalités,
0 ce qui en gros veut dire
pas de maire,
0 pas de préfet
ou quoi que ce soit.
0 Le patron de l&;usine
est l&;autorité suprême.
0 Qu&;est ce qui pourrait mal
tourner là dedans…. ?
0 Eh bien, par exemple,
le fait qu&;à Pullman,
0 le monopole de la compagnie
sur le logement, les commerces
0 ou la fourniture d&;eau
et de gaz
0 lui permettait de demander
des prix prohibitifs
0 directement déduits
de la fiche de paie… Pratique !
0 Et comme les logements
étaient réservés aux employés,
0 lorsqu&;un employé perdait
son boulot,
0 il perdait aussi son logement.
0 Ce qui fait que
0 lorsque la crise économique
de 1833 poussa la compagnie
0 à diminuer les salaires
d&;un tiers tout en continuant
0 d&;exiger les mêmes prix
et les mêmes loyers,
0 eh bien les travailleurs
ont entamé
0 une grève qui prit
une ampleur nationale
0 et qui s&;acheva
par l&;intervention de l&;armée
0 et une trentaine d&;ouvriers
tués.
0 Carrément !
La grève nationale ?
0 Ah les Etats-Unis c&;était quand même
pas pareil à l&;époque…
0 Autre exemple
0 bien trash : les villes minières
aux États-Unis, fin XIXᵉ,
0 où les mineurs étaient payés,
au moins en partie,
0 avec la monnaie de
la compagnie, utilisable
0 uniquement dans
le magasin de la compagnie.
0 “… Je dois mon âme
0 au magasin de la compagnie…”
(16 tons, de Tennesse Ernie Ford)
0 Et comme la compagnie
faisait crédit aux employés
0 sur leurs prochains salaires,
0 ceux-ci entraient parfois
dans des spirales
0 d&;endettement envers leur
employeur qui pouvaient aller
0 jusqu&;à créer des situations
de servitude pour dettes.
0 Autrement dit,
une forme d&;esclavage.
0 Et bien sûr, ici aussi,
le fait de se syndiquer
0 ou de faire grève
était sévèrement réprimée.
0 Et dans le cas extrême
des guerres du charbon
0 en Virginie, on a même
vu des patrons
0 tirer à la mitrailleuse
et jeter
0 des bombes artisanales
sur les grévistes.
0 Ok, là t&;as été
prendre des exemples
0 bien trash,
0 mais j&;imagine
que toutes les usines
0 ne tournent pas aussi mal… .
0 Est-ce que ça tourne
forcément mal ? Non.
0 Mais dans le cas
des villes usines,
0 il semble que
certains circonstances soient
0 susceptibles
de générer des situations
0 d&;exploitation ou d&;abus.
0 D&;une part,
0 lorsque la
0 mobilité des travailleurs
est faible en raison
0 par exemple
0 de l&;isolement géographique
et d&;autre part,
0 lorsque
les conditions économiques
0 sont défavorables,
0 ce qui peut amener
la compagnie à dégrader
0 les conditions de travail
pour réduire les coûts.
0 Or, dans le cas d&;une
station spatiale sur Mars,
0 séparées par des dizaines,
voire
0 des centaines de millions
de kilomètres de la Terre,
0 avec des coûts d&;entretien
gigantesques,
0 on peut s&;attendre à ce que
0 la mobilité des travailleurs
0 soit extrêmement faible
si pas nulle,
0 et que le contexte économique
soit extrêmement tendu.
0 Par contre, dans le cas
des astronautes surdiplômés
0 et surentraînés envoyés
pour s&;installer sur Mars,
0 on peut s&;attendre à ce qu&;ils
soient
0 un peu plus choyés
par leur employeur
0 que les mineurs américains
du début du 20ᵉ.
0 Certes, et encore
heureux d&;ailleurs.
0 Mais pour maintenir
une colonie,
0 il faudra aussi
une armée de techniciens,
0 d&;agents
d&;entretien, de cuisiniers,
0 de coiffeurs, de kiné, etc.
0 Et s&;il y a bien un point commun
0 aux deux leaders
dans la course à l&;espace
0 que sont John Musk
et Jeff Bezos,
0 ce sont les conditions
de travail déplorables
0 de leurs employés sur Terre,
avec notamment
0 de très nombreux accidents
de travail sans compensation,
0 un taux élevé de burn out,
des licenciements massifs,
0 les discriminations raciales
0 et une culture du harcèlement
sexuel.
0 Pas vraiment
0 le genre d&;employeur modèle
à qui vous auriez
0 envie de confier
le reste de votre existence…
0 Si vous avez ce genre d&;envie ?
0 En outre, on l&;a dit,
la rentabilité d&;une colonie
0 martienne serait sûrement
extrêmement délicate.
0 Du coup, que se passerait-il
0 si une colonie spatiale
faisait faillite ?
0 Comment rapatrier 1000 ou 10 000
employés sur terre ?
0 Et je parle même pas
0 d&;un million, sachant
que les fusées
0 les plus grosses
0 qu&;on envisage aujourd&;hui
pourraient embarquer
0 une centaine de personnes
tout au plus.
0 Et puis,
à plus petite échelle,
0 il se passe quoi si un employé
perd son boulot sur Mars ?
0 Être expulsé de son logement
0 signifierait être
condamné à une mort certaine,
0 à moins que l&;employeur ne
0 s&;engage à fournir à l&;ancien
employé une place
0 dans la prochaine fusée
retour, ce qui coûterait cher.
0 Ou à fournir un logement
0 et de l&;aide sociale
aux chômeurs de longue durée.
0 Ce qui coûterait cher aussi.
0 Supposons que les employeurs
0 garantissent
au moins un logement
0 et ne quittent personne
dans l&;espace.
0 Mais de là à garantir des
conditions de vie décentes,
0 il ne paraît pas inimaginable
que l&;assurance survie
0 des travailleurs licenciés
se fasse au prix
0 d&;un rationnement drastique
de la taille de leur logement,
0 de la qualité
de leur nourriture,
0 voire de la quantité d&;oxygène
dont ils disposent.
0 Bien sûr,
0 tout ça plaide en faveur
de la création d&;organismes
0 de protection du travail
ou délégation syndicale.
0 Mais si on en juge par
l&;opposition féroce
0 de Jeff Bezos ou de Musk
à toute forme
0 de syndicalisation
pour les employés sur Terre,
0 les perspectives
ne sont pas jojo
0 pour la création d&;un syndicat
des travailleurs martiens.
0 Mais soyons honnêtes,
quand on lui pose la question
0 en interview
0 Et Musk répond
qu&;il n&;envisage
0 pas du tout
de créer une ville-usine
0 qui serait dirigée par lui
même.
0 Mais une vraie ville gouvernée
par le peuple de Mars.
0 – Ce serait la ville de qui ?
0 La ville de la NASA ? La ville de SpaceX… ?
0 – C’est la Ville du Peuple de Mars !
0 Ultimement, il appartiendra au peuple de Mars
0 de décider comment ils veulent
repenser la société
0 Bien sûr, j’ai quelques recommandations…
0 que le peuple de Mars pourra choisir de…
0 d’écouter ou non
0 Je plaiderais pour…
0 plutôt pour une démocratie directe,
0 pas une démocratie représentative…
0 Bon alors imaginons qu&;on
fasse confiance à Elon Musk
0 pour se comporter
en vrai démocrate,
0 en dépit de tout ce qu&;on sait
de ses opinions politiques
0 ou de son soutien à Trump,
0 …ou des témoignages
de ses propres employés
0 qui le décrivent
comme un tyran égocentrique.
0 Voilà.
0 Donc imaginons qu&;il
se comporte en vrai démocrate,
0 en dépit de tout
ce qu&;on sait de lui.
0 Ou si ça demande
trop d&;effort,
0 imaginons une
colonisation de Mars
0 qui soit le fait
d&;une coalition d&;acteurs
0 sincèrement convaincus
par les idéaux démocratiques.
0 Donc même avec les meilleures
0 intentions du monde,
est ce qu&;il est plausible
0 de voir advenir une société
libre et démocratique
0 dans une colonie spatiale
sur Mars ?
0 En tout cas,
c&;est ce que supposent
0 les enthousiastes
de la colonisation spatiale
0 qui ont souvent
0 le fantasme de l&;espace
comme une page blanche,
0 une opportunité
de repartir de zéro
0 et de poser les bases
d&;une société utopique.
0 Tout cramer et repartir
sur des bases saines.
0 Oui et pourtant, en pratique,
0 vu les particularités
de l&;environnement spatial
0 qui risquent de contraindre
le type de système politique
0 qui pourrait régir
une telle colonie,
0 on peut se demander
si on n&;est pas
0 plutôt face à un gros
potentiel dystopique.
0 Alors ?
0 En effet, selon certains,
comme le chercheur britannique
0 Charles Cockel,
les conditions
0 extrêmement hostiles
à la vie dans l&;espace
0 pourraient constituer
une limite considérable
0 sur la liberté individuelle
0 et favoriser, dit-il,
0 les formes de tyrannie
les plus épouvantables
0 que la société humaine
puisse concevoir.
0 En effet,
comme on l&;a vu tantôt,
0 à peu près tout sur Mars
veut vous tuer.
0 Et cette hostilité
0 fondamentale
de l&;environnement
0 martien à la vie humaine
0 imposera une infrastructure
technologique
0 de support-vie
extrêmement exigeante.
0 Et donc ces conditions
technologiques particulières
0 auront forcément
pour effet de restreindre
0 la liberté individuelle,
comme le note Coquelle.
0 Même dans les pires
environnements terrestres,
0 comme une station scientifique
en Antarctique
0 où les conditions de vie
sont difficiles.
0 En gros,
sauf en cas de blizzard,
0 un individu peut toujours
sortir et échapper
0 pour quelques temps
0 à la société,
à la seule condition
0 d&;avoir une bonne combinaison
ski sur Mars.
0 Ce genre de petit tour dehors
0 nécessiterait minimalement
une combinaison spatiale
0 permettant de réguler la
pression, fournir l&;oxygène,
0 retirer le CO2
et réguler la température,
0 que cette combinaison
soit entretenue et contrôlée
0 et de pouvoir
accéder à un sas sécurisé
0 permettant
de quitter la station
0 sans mettre en
danger les autres habitants.
0 Et je ne sais pas si vous
0 avez déjà regardé un live de
la NASA pour une space walk.
0 Moi oui…
0 Et bien c&;est
extrêmement pénible !!
0 La préparation
pour une sortie dans l&;espace
0 commence déjà
deux semaines à l&;avance.
0 Et puis le jour même,
0 la préparation dure
environ 5 h; durant
0 lesquelles les astronautes
subissent 36 tests,
0 36 procédures assistées
0 par deux co-équipiers
plus toute une équipe au sol.
0 Ensuite, quand les astronautes
0 peuvent enfin
entrer dans le sas
0 pour ne pas souffrir
du mal de décompression
0 qui peut être fatal,
il doit d&;abord évacuer
0 tout l&;azote
de leur système respiratoire
0 en respirant de l&;oxygène
pur pendant environ 1 h.
0 Suite à quoi, après
encore de nombreux échecs,
0 ils peuvent
enfin sortir du véhicule.
0 Donc sortir dans l&;espace,
c&;est vraiment pas comme
0 enfiler une grosse veste,
un bonnet et un tuba.
0 C&;est une activité
qui prend énormément
0 de temps de préparation,
donc pas le genre de truc
0 que tu fais
sur un coup de tête.
0 Donc la nécessité de vivre
confinés
0 dans des environnements clos,
0 climatisés et pressurisé
impose nécessairement
0 des limites considérables
à la liberté de mouvement.
0 En outre, sur Terre,
0 les systèmes techniques
dont défaillance
0 peut avoir un impact mortel
sur une grande partie de
0 la population
sont relativement limités.
0 On peut penser, par exemple,
0 aux barrages
ou aux centrales nucléaires.
0 Sur Mars,
0 la quantité
de systèmes indispensables
0 à la survie d&;une colonie
0 rend toute défaillance
absolument catastrophique
0 dépressurisation
de la station,
0 défaillance de la production
d&;eau ou d&;oxygène,
0 fuite de gaz
empoisonnant l&;air, etc.
0 Et donc cette dépendance
absolue
0 à ces systèmes de survie.
0 impliquent la mise en place de systèmes
de surveillance permanent.
0 Les épidémies
0 seront également un danger
0 beaucoup plus important
dans des environnements
0 confinés et les individus
devront sûrement faire l&;objet
0 d&;un suivi médical
très étroit.
0 Tout ça fait que toujours
d&;après
0 pour nos colons martiens,
des garde fous classiques
0 contre la tyrannie
que sont la contestation,
0 la désobéissance ou la fuite
0 seront extrêmement faibles,
voire inexistants.
0 En effet,
0 pour ce qui est
de la contestation,
0 la désobéissance risque d&;être
particulièrement difficile
0 et peu tolérée
dans un environnement
0 où la surveillance
des individus est permanente
0 et facilitée
par l&;environnement confiné.
0 Et en fait,
0 la défense du statu
quo sera d&;autant plus facile
0 à faire admettre
0 que les perturbateurs
pourront aisément
0 être présentés
comme des menaces
0 non seulement envers la paix
sociale,
0 mais envers la survie
même de la communauté.
0 Donc bon courage d&;avance
aux militants d&;Extinction Rebellion
0 dans l&;espace,
même s&;ils s&;en
0 prennent déjà souvent plein
la poire sur terre.
0 Enfin, sur Mars,
0 la fuite hors de la société
est évidemment impossible.
0 Comme le dit Cockel,
la mort est
0 la seule échappatoire
possible au contrat social.
0 Autrement dit, le simple fait
d&;être vivant dans l&;espace
0 impliquerait le consentement
0 au contrat social
et donc au pouvoir de l&;Etat,
0 seul capable de fournir
et de maintenir
0 l&;infrastructure technique
permettant la vie humaine.
0 En outre, un risque important
de dérive vers la tyrannie
0 vient de ce que Cockel
le problème de l&;oxygène.
0 Alors que sur terre,
l&;environnement
0 produit de l&;oxygène
en suffisance pour tous
0 sur Mars.
0 Celui ci n&;est évidemment
pas librement disponible.
0 Il doit être produit,
distribué et entretenu grâce
0 à des systèmes technologiques
complexes.
0 Et cette dépendance inhérente
à la technologie crée
0 un dangereux
point de contrôle,
0 un monopole sur l&;oxygène
dans une colonie spatiale
0 pourrait facilement
être utilisée
0 comme levier pour accroître
0 son pouvoir économique
ou politique
0 ou pour subjuguer
toute opposition sur terre.
0 Il est déjà arrivé
qu&;un commandant sous-marin
0 à juste proportion
0 d&;oxygène
ou de dioxyde de carbone,
0 suivant qu&;il
voulait rendre son équipage
0 plus énergique ou au contraire
plus léthargique.
0 Donc imaginez les risques
dans l&;espace.
0 Quiconque contrôle
l&;approvisionnement en oxygène
0 dans une colonie spatiale,
qu&;il s&;agisse d&;une
0 entreprise
ou de l&;État, détient
0 potentiellement un immense
pouvoir sur la population.
0 Et le problème se pose aussi
pour d&;autres
0 biens essentiels comme l&;eau,
la nourriture, etc.
0 Alors on pourrait envisager
tout un tas de solutions
0 à ce problème,
comme la création d&;une
0 coopérative pour la fourniture
des biens vitaux,
0 la garantie des conditions,
la libre concurrence,
0 la décentralisation
de leur fourniture
0 ou encore la modularisation
0 de l&;infrastructure
à travers la colonie.
0 Il n&;empêche que ce problème
0 de l&;oxygène constitue
une vulnérabilité importante
0 des sociétés spatiales
qui alimentent
0 un contexte favorable
à la tyrannie.
0 Et donc, à moins de réfléchir
de manière
0 proactive à des
systèmes institutionnels
0 qui permettraient de protéger
la liberté individuelle
0 et les valeurs démocratiques
contre
0 ces tentations sécuritaires
et autoritaires.
0 On a de bonnes raisons
de douter des chances
0 d&;une démocratie
sur Mars dans l&;espace.
0 Fonder une colonie sur Mars,
0 ça veut dire avoir des humains
qui résident
0 sur la planète rouge
pour de longs
0 séjours, voire
pour toute leur vie.
0 Et donc ça veut dire qu&;il
va falloir parler bébé.
0 Et encore "parler bébé",
0 c&;est déjà avec
un peu de chance.
0 Parce qu&;à supposer
qu&;on ait les moyens médicaux
0 de suivre des grossesses
dans l&;espace,
0 on a aucune fichtre
idée de l&;effet
0 des conditions martiennes
0 sur le développement à terme
d&;une grossesse,
0 ni sur le développement normal
d&;un enfant.
0 Donc en fait, dans l&;état
actuel des connaissances,
0 envoyer des gens
se reproduire dans l&;espace
0 reviendrait à entamer
une gigantesque
0 expérience médicale
grandeur nature
0 sur des fœtus, des bébés
ou des personnes enceintes.
0 Je ne pense pas qu&;il
0 faut être un spécialiste
en philosophie morale
0 pour voir les gigantesques
problématiques que ça soulève
0 sur terre.
0 La sexualité ou la
0 procréation posent
des enjeux éthiques délicats,
0 et pas seulement en raison
de l&;étrange obsession
0 de la plupart des religions
sur ces questions.
0 Si on devait plus parler
que de ce qu&;on a vu,
0 est ce que le pape parlerait
du stérilet de ma belle sœur ?
0 Mais surtout
0 parce que sexualité
et procréation
0 ont un lien étroit
avec l&;intimité
0 et que les choix
les concernant ont souvent
0 une place essentielle
dans les plans de vie
0 des personnes.
0 Et évidemment, sur Mars,
tous ces enjeux
0 sont encore
beaucoup plus compliqués.
0 Voyons voir ce qu&;il en est.
0 On se moque beaucoup de lui,
mais ce pauvre Elon Musk est
0 quelqu&;un de très angoissé.
0 Alors attention,
il n&;est pas angoissé
0 par le même genre de chose
0 que des péquenots
comme vous et moi,
0 comme les risques existentiels
posés
0 par le changement climatique
ou ce genre de choses…
0 Non, il a angoissé
par la démographie.
0 Ben oui, classique, il est
angoissé par la surpopulation.
0 Ah non, c&;est l&;inverse
et le Musk est angoissé
0 par la surpopulation,
0 convaincu
par les arguments étranges
0 du mouvement pro nataliste
0 qui fait fureur
dans la Silicon Valley.
0 Musk considère que
0 l&;effondrement démographique
est le plus grand danger
0 auxquels fait face
la civilisation.
0 Un risque plus sérieux
0 même que le réchauffement
climatique.
0 D&;où le fait qu&;il ait fait
0 36 marmots aux noms farfelus
comme X A à douze, etc.
0 Bon, on va pas perdre
trop de temps là dessus,
0 ni sur les futures névroses
des pauvres rejetons
0 d&;Elon Musk,
ni sur les théories
0 sur l&;effondrement
démographique.
0 "Ami puissant et éminent,
faites des tas d&;enfants
0 pour contrer l&;effondrement
de notre civilisation à venir
0 et anéantir en douceur
ces pauvres et ces étrangers
0 qui vont nous remplacer".
0 Sur Mars par contre,
0 si l&;objectif est de fonder
une colonie autonome,
0 Musk pourrait avoir
de bonnes raisons
0 de s&;inquiéter
d&;une démographie trop faible.
0 En effet,
0 vu le caractère foncièrement
hostile de l&;environnement
0 spatial, et s&;il s&;avère
que les grossesses sur Mars
0 sont particulièrement pénibles
et à risque,
0 il est fort possible
que les potentielles recrues
0 ne se bousculent pas
au portillon
0 et donc le nombre de bébés
pourrait être insuffisant
0 pour assurer les objectifs
de population de la colonie.
0 Surtout si, comme Musk,
vous ambitionnez
0 de faire vivre 1 million
0 de personnes sur Mars
0 et que vous pouvez
peut être pas compter
0 sur les fusées actuelles pour
envoyer tout ce beau monde.
0 Mais du coup, s&;il
s&;avère nécessaire
0 de renflouer la population de la colonie
0 et si les incitatifs classiques
0 comme les
allocations familiales
0 ou autres politiques natalistes
ne suffisent pas,
0 qu&;est ce qu&;on fait ?
0 Outre la pression sociale
déjà très problématique,
0 ne risque t on pas d&;assister
à des mesures
0 très dérangeantes, comme
0 une obligation contractuelle
à procréer ?
0 Et à l&;inverse, est ce qu&;on
0 risque pas d&;avoir des
discriminations à l&;embauche
0 vis à vis de candidats
astronautes, homosexuels,
0 asexuels, infertiles
ou simplement
0 non désireux
d&;avoir ou de porter un bébé ?
0 Mais peut être
que le plus grand risque n&;est
0 pas tellement
celui de la surpopulation…
0 On l&;a vu, dans
une colonie spatiale,
0 la vie sera vraisemblablement
soumise à des contraintes
0 de ressources très importantes
oxygène, nourriture, etc.
0 Et vu ces
conditions de rareté,
0 la taille d&;une colonie martienne
0 sera sûrement étroitement
calibrée
0 en fonction de la taille
de sa population.
0 Qu&;est ce que ça veut dire
pour nos bébés martiens ?
0 Eh bien, ça veut dire qu&;on
risque fort d&;assister
0 à un strict contrôle
des naissances vu les risques
0 que ferait courir
un nombre excessif
0 de grossesses pour la colonie.
0 Ressources consacrées
au suivi médical
0 de grossesses à risques,
nécessité de répartir
0 les tâches de la mère
pendant le congé de maternité.
0 Et tout ça pour se retrouver
avec une bouche
0 de plus à nourrir
dans le meilleur des cas.
0 Donc contrôle des naissances
avec potentiellement
0 des mesures
très peu sympathiques
0 comme un nombre maximum
d&;enfants par parents,
0 voire un permis de procréer
ou pourquoi pas,
0 des mesures de contraception
obligatoires.
0 Et du coup,
qu&;est ce qui arrivera
0 aux inévitables
contrevenants ?
0 Va-t-on leur imposer
des amendes à payer
0 en travail forcé,
0 une limitation des ressources
à disposition du bébé,
0 un avortement forcé… ?
0 Que des options
éthiquement répugnantes.
0 Mais il y a pire encore.
0 Qu&;arrivera-t-il si,
dans cette colonie,
0 dans un environnement hostile
aux ressources très limitées,
0 une grossesse
donnait naissance
0 à un enfant
affecté de handicaps physiques
0 ou mentaux,
0 ou avec
des besoins spécifiques
0 qui nécessiteraient
des aménagements coûteux
0 en ressources
et dont la contribution
0 purement matérielle
à la survie de
0 la colonie risquerait
donc d&;être plus faible
0 que celle d&;autres individus
0 plus adaptés
à la vie sur Mars.
0 Comme le note
Zach et Kelly Weinersmith,
0 c&;est une hypothèse que la plupart
0 des enthousiastes
de la conquête spatiale
0 négligent complètement.
0 Et ceux qui abordent
la question
0 ont une fâcheuse tendance
à répondre de manière évasive
0 en évoquant le fait de "laisser
jouer la sélection naturelle"
0 ou en suggérant que
0 "la survie de l&;espèce humaine
requiert de mettre l&;éthique
0 et la morale
entre parenthèses".
0 D&;autres, plus explicites,
0 parlent de politique
"pro avortement permissive" (sic),
0 parce que, disent ils,
0 "la naissance
d&;un enfant handicapé
0 serait très préjudiciable
à la colonie".
0 Déjà aujourd&;hui, sur terre,
0 dans un certain
nombre de pays,
0 le dépistage prénatal
0 donne souvent lieu
à une décision d&;IVG
0 en cas de diagnostic
d&;anomalie génétique
0 comme la trisomie 21.
0 On peut donc craindre
qu&;une société
0 martienne génère une intense
pression sociale,
0 voire carrément une obligation
0 de recourir au dépistage
prénatal en vue
0 non seulement d&;interrompre
la grossesse du fœtus
0 non viable
ou atteint de maladies graves,
0 mais ultimement,
de ne pas donner
0 naissance à des individus
qui seraient considérés
0 comme mal adaptés,
anormaux ou moins productifs.
0 Et bien sûr,
tant qu&;on en est là,
0 il n&;y a qu&;un pas
0 avant la tentation
de sélectionner
0 de manière proactive
les traits les plus adaptés
0 à la santé
et à la productivité
0 des futurs membres
de la colonie martienne.
0 Autrement dit,
0 les conditions difficiles
de la survie sur Mars
0 risquent de conduire
à une pression
0 considérable en faveur
de l&;eugénisme.
0 Et d&;ailleurs, les êtres
génétiquement modifiés
0 pour résister à l&;espace
0 sont un
cliché de la science fiction.
0 Des "spacers" dans Fondation,
0 aux navigateurs
de la guilde dans Dune.
0 Et c&;est
sans doute
0 parce que
les avantages théoriques
0 pour la colonisation spatiale
seraient considérables.
0 L&;être humain
0 a été tellement adapté
0 aux conditions de vie
sur Terre
0 qu&;il ne peut pratiquement
vivre que sur cette planète.
0 Et donc, plutôt que de tenter
de recréer
0 l&;environnement terrestre
sur d&;autres planètes
0 ou les stations spatiales,
0 pourquoi ne pas adapter
l&;être humain
0 aux conditions de vie
dans l&;espace ?
0 Le généticien américain
George Church
0 a toute une shopping
list de modifications
0 génétiques simples
qui pourraient
0 améliorer l&;adaptation
des êtres humains à l&;espace.
0 Le CTNNB1
0 pour une meilleure résistance
aux radiations,
0 le SOST pour réduire
la perte osseuse
0 TRIM63 pour réduire
l&;atrophie musculaire,
0 sans oublier le ABCC11 pour
diminuer l&;odeur des dessous de bras.
0 Toujours appréciable
quand on passe ses journées
0 dans un environnement
confiné. Véridique.
0 Et bien sûr, tout ça pose
0 une série de questions
éthiques monumentales,
0 parmi lesquelles
les risques de discrimination
0 raciale, sexuelle ou validisme
qu&;il y a,
0 l&;eugénisme
ou les risques d&;inégalité
0 d&;accès à ces techniques
de modification génétique
0 et ultimement la création
de plusieurs races humaines,
0 l&;une augmentée
et l&;autre non.
0 Une autre question difficile
0 est celle de savoir
si un enfant
0 né sur Mars dans l&;espace
0 ou dans n&;importe
quel contexte de microgravité
0 pourra un jour
revenir sur Terre.
0 En effet, la gravité
martienne n&;est
0 environ que de 38 %
de celle de la Terre.
0 Pour un enfant grandissant
sur une planète
0 où la gravité est deux tiers
moins intense,
0 il est donc possible
que le corps humain
0 se développe
de façon assez différente
0 et donc que
0 le corps de quelqu&;un
0 ayant grandi sur Mars
0 ne soit pas capable
de supporter
0 la gravité écrasante
de la Terre.
0 Dans la série The Expanse,
0 le poids de la gravité
terrestre pour les individus
0 né sur Mars dans l&;espace
est un motif récurrent
0 et le fait de subir
la gravité terrestre
0 est même utilisé
comme méthode de torture
0 contre un homme
de la ceinture d&;astéroïdes.
0 Bref, est on vraiment prêt
0 à affronter
les enjeux éthiques
0 liés à la procréation
sur une colonie martienne ?
0 Des colons martiens
auraient ils ou elles
0 encore
des droits reproductifs ?
0 Ou les choix individuels
seraient ils largement écrasés
0 par l&;impératif de survie de
la collectivité ?
0 Ce serait pas mal
0 d&;un peu défricher
toutes ces questions
0 avant de faire des plans
sur la comète.
0 Et niveau plan sur la comète,
on aurait encore pu parler
0 des jolies dingueries
de Jeff Bezos,
0 comme son plan de déplacer
les industries dans l&;espace
0 pour des raisons écologiques.
0 À part les émissions des
lanceurs spatiaux j&;imagine.
0 Ou son projet de cylindre
O&;Neill,
0 ses colonies en forme de roue
0 en rotation sur elle
même pour simuler la gravité.
0 Un projet qui en est
à peu près nulle part.
0 Ce qui n&;empêche pas
de le présenter en conférence
0 avec des visualisations
étrangement détaillées,
0 avec notamment des répliques
0 de la cathédrale de Florence,
des dirigeables, des fermes
0 et même des cerfs sur
des piton rocheux.
0 Tiens, Sébastien,
0 tu pourrais
nous faire un petit état
0 des lieux de
la littérature scientifique
0 sur l&;adaptation des cerfs
à la vie dans l&;espace ?
0 Alors oui, il y a absolument
zéro littérature sur le sujet.
0 Merci.
0 Alors soyons clair,
ni Sébastien ni moi
0 n&;avons rien
contre la recherche spatiale
0 ni contre la science-fiction.
0 Mais quand on confond les deux
et qu&;on nous hype ça
0 pour après-demain
si ce n&;est pour demain,
0 ça devient assez
problématique.
0 Et le truc, c&;est
qu&;à force d&;entendre tous
0 ce bullshit répétés
dans les médias
0 et d&;avoir été biberonné
aux récits prométhéens
0 sur l&;inéluctabilité
du progrès technique,
0 on finit nous même par croire
0 que la colonisation de Mars,
c&;est déjà pour demain
0 ou dans dix ou 20 ans.
0 Or, comme on l&;a vu,
0 même si
0 on parvenait à surmonter
0 les difficultés technologiques
énormes
0 qui se posent
pour un tel projet,
0 on peut vraiment douter
qu&;il soit souhaitable.
0 Déjà parce que
ça nécessiterait
0 de mobiliser
des ressources gigantesques
0 qui feraient sans doute mieux
0 d&;être mises
0 au service de causes
essentielles pour l&;humanité,
0 comme la lutte contre
0 le réchauffement climatique,
faut il le rappeler.
0 Mais aussi
0 parce que
le potentiel dystopique
0 de ces projets de colonies
sur Mars
0 est tellement immense
que ce serait bien
0 de se poser un peu
pour réfléchir aux nombreux
0 problèmes éthiques béants
0 pour lesquels on a même pas
0 un début de commencement
de réponse.
0 On ne peut pas se permettre
de faire le gros dos
0 en disant que l&;éthique
c&;est pour les emmerdeurs.
0 Tout ça parce qu&;on a peur
d&;avoir la honte
0 d&;être une civilisation
à une seule planète
0 et qu&;on trouve
que Star Trek c&;est cool.
0 Personne ne veut être une de ces
0 minables civilisation-à-une-planète !
0 J’veux dire…
0 Être là-haut dans les étoiles…
0 Genre…
0 Tu vois…
0 Faire en sorte que
la science-fiction
0 ne soit pas de la fiction
pour toujours !
0 … rendre Star Trek réel !
0 Tiens, d&;ailleurs,
vous savez qui n&;arrête
0 pas de parler
d&;éthique et de morale ?
0 Eh bien,
0 Star Trek !
0 La décision que vous
prendrez aujourd’hui
0 déterminera comment nous
considérerons cette…
0 … création de notre génie.
0 elle révèlera le genre de
personnes que nous sommes !
0 Elle pourrait significativement
0 redéfinir les frontières de la
liberté individuelle et de l’autonomie
0 en les élargissant
pour certains…
0 et en les restreignant
férocement pour d’autres.
.
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