Quatrième siècle avant Jésus-Christ. Passionné de philosophie, vous vous retrouvez dans les rues d’Athènes à la recherche d’un des plus grands philosophes de l’Antiquité, impatient d’engager une discussion profonde. Au coin de la rue, un homme est en train de se masturber devant tout le monde. Ce n’est pas un fou, mais bien l’un des penseurs les plus respectés mais aussi les plus controversés de son époque : Diogène de Sinope, dit « le cynique ».
Ce trublion génial a laissé derrière lui une avalanche d’anecdotes, preuve qu’il a marqué ses contemporains au fer rouge. Il vit dehors comme un vagabond, vêtu d’un manteau en fin de vie, armé d’un bâton, d’une besace et d’une écuelle – qu’il balança un jour en découvrant qu’une main suffisait pour boire. Il prêchait une vie simple, débarrassée des artifices sociaux, et dormait sans complexe dans son fameux tonneau, ou plutôt une grande jarre (un « pithos », pour briller en société).
Un maître de la provocation
Gare à celui qui croise son regard. Le philosophe maîtrisait comme personne l’art de la punchline. Diogène mendie pour vivre et n’hésite pas à apostropher ceux qui lui refusent l’aumône. « Eh toi, oui toi, le gros, tu m’entends ? Tu me donnes quelque chose pour que je mange ? Au lieu de t’empiffrer, tu ferais bien de me nourrir ! J’ai faim, je te dis ! Et je t’interdis de me laisser comme ça ! Tu entends ? », aurait-il lancé, un jour, à un pauvre passant qui lui a tourné le dos. Un autre jour, alors qu’un chauve l’injurie, il rétorque : « Je félicite tes cheveux d’avoir abandonné ta sale tête. »
À LIRE AUSSI Peut-on être philosophe et millionnaire ? Pour Sénèque, c’est oui ! Ce qui nous aurait sûrement le plus interpellés, c’est sa manie prétendue pour la masturbation en public. « Alors qu’il se masturbait sur la place du marché, il disait : “Ah, si seulement on pouvait soulager la faim aussi en se frottant le ventre !” » rapporte Diogène Laërce – un autre Diogène – dans son ouvrage Vies et doctrines des philosophes illustres (DL), qui compile des anecdotes biographiques et des idées de grands penseurs antiques.
Diogène de Sinope prétendait imiter les maîtres de musique qui chantent un ton plus haut pour que les choristes parviennent à trouver le ton juste. « C’est-à-dire qu’il exagère toujours, il force le trait. Quand il se masturbe en public, il ne dit pas “cyniques, masturbez-vous pour être libres”. Toutes ces anecdotes sont destinées d’abord à nous faire réfléchir », explique Étienne Helmer, philosophe et auteur de Diogène le cynique (Les Belles lettres, 2017).
La masturbation comme moyen de réflexion
On comprend ce que veut dire Platon avec sa métaphore de la caverne, mais y a-t-il de la philosophie dans le fait de se masturber devant tout le monde ? Oui, selon Étienne Helmer : « Il y a toute une réflexion chez Diogène sur le rapport entre le privé et le public et sur le rôle du corps. C’est-à-dire qu’à travers cet acte qui suscite le scandale, il montre que le corps est à la fois privé, intime, mais aussi public car c’est ce qui fait la matière de la vie sociale. Nous sommes affectés par l’environnement, on se lie aux autres à travers le corps, on se voit, on s’embrasse, on se touche, nos corps sont directement impactés par tous les phénomènes de la vie sociale dont ils sont autant le principe que le produit », commente le philosophe.
Ce qui obsède Diogène, c’est l’autosuffisance. À Athènes, Diogène suit l’enseignement d’Antisthène qui oppose les lois humaines à la pratique de la vertu définie comme l’autosuffisance (autarcie) : « Le sage se suffit à lui-même, puisqu’il possède en lui tout ce qui appartient aux autres. L’obscurité du nom est un bien, tout autant que l’effort » (DL, VI, 11). Justement : « Dans l’anecdote rapportant qu’il se masturbe en public, Diogène met en parallèle le ventre et le sexe. Dans notre corps, il y a deux appétits importants, le sexe et le ventre. Le sexe, comme le fait Diogène, peut être pratiqué en autosuffisance », décrypte Étienne Helmer. Mais avec le ventre, les choses sont différentes.
Et le ventre devient un lieu politique
Ce que dit Diogène a son importance : « Ah, si seulement on pouvait soulager la faim aussi en se frottant le ventre. » L’anecdote triviale de Diogène permet de penser notre rapport au corps. « Le ventre vous oblige à vous lier à l’extérieur, c’est parce que nous avons des ventres que nous sommes sociaux », explique Étienne Helmer, en ajoutant que, pour le philosophe, « le ventre devient un lieu politique ».
À LIRE AUSSI Pourquoi Jean-Jacques Rousseau a-t-il abandonné ses enfants ? Ainsi, quand des puissants comme Alexandre le Grand, ou des grands généraux l’invitent à dîner, il préfère conserver sa liberté. Il veut conserver l’autosuffisance de son ventre. Un jour, quand le puissant général Cratéros l’invite à festoyer à sa table, il répond : « À vrai dire, je préfère lécher le sel à Athènes que jouir de la somptueuse table de Cratéros. » Ambiance.
Étienne Helmer ajoute : « Le ventre est un enjeu de pouvoir pour les cyniques. C’est pour cette raison que certains mangent ce qu’ils trouvent. On raconte que certains cyniques vont même jusqu’à être végétariens, parce que les plantes poussent partout, et qu’ils se contentent d’eau. C’est une manière d’avoir le pouvoir sur soi, de ne pas être à la merci des puissants, et plus généralement de protéger les rapports sociaux de la violence en mettant à leur principe des appétits limités. » Diogène n’est pas pour autant opposé à l’idée de profiter de temps en temps, tant qu’il conserve le contrôle sur lui-même. Ainsi, quand on lui demande quel est son vin préféré, il répond : « Celui des autres ».
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Aller jusqu’à se masturber devant tout le monde au milieu de la rue est pour le moins courageux – ou inconscient ! Et s’il y a bien une chose qu’on ne pourra jamais enlever à Diogène, c’est qu’il a le courage de ses idées. Il adore se moquer des pseudo-sages qui parlent beaucoup de vertu mais ne font pas le quart de ce qu’ils disent. Son mode de vie dénommé cynique, qui ramène au chien (kunos, en grec ancien, veut dire « chien »), est brutal au sens où il est radical et sans compromis.
À LIRE AUSSI Mais où est le cerveau de Voltaire ? Ainsi il traite Platon, qu’il accuse de ne pas vivre une véritable vie philosophique cohérente, de « bavard intarissable ». Les deux se chamaillent souvent. Ainsi le célèbre Platon, qui l’appelait « le Socrate devenu fou », eut le plaisir de se voir remettre en place par Diogène. Un jour qu’il voyait le philosophe SDF laver de la salade, le maître de l’Académie lui dit : « Si tu avais été aimable avec Denys [tyran de Syracuse en Sicile et très riche], tu ne laverais pas de la salade. » Ce à quoi Diogène lui répondit, sur le même ton : « Et toi, si tu avais lavé ta salade, tu n’aurais pas été l’esclave de Denys. »
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