Alors que le programme d’éducation sexuelle à l’école a été revu et doit être présenté officiellement en décembre, les critiques fusent déjà, certaines associations s’indignent de cet enseignement.
Un nouveau programme « d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité » sera présenté le 5 décembre prochain au conseil supérieur de l’éducation, pour une possible mise en place à la rentrée 2025. Avec cette révision, l’Education nationale espère élargir le nombre d’élèves qui bénéficie de cet enseignement, dont trois séances sont obligatoires par an. Selon RMC, les élèves français ne sont pourtant que 15% à y avoir accès à ce jour.
Cet enseignement aborde des sujets importants comme le consentement ou encore la prévention des violences et des maladies sexuellement transmissibles. Dans sa nouvelle version, il pourrait viser dès la petite section de maternelle un travail sur les émotions et les noms des parties intimes, puis jusqu’au lycée avec pour les grands adolescents l’interrogation sur les différences entre « excitation, sentiment, désir et plaisir ».
Cet enseignement fait débat et attise certaines peurs au sein des associations les plus conservatrices. A l’approche de la présentation du nouveau programme, le Syndicat de la famille, Sos-Education ou encore Parents vigilants montent au créneau. Ludovine de La Rochère, la très traditionnaliste et militante présidente du Syndicat de la famille, déplore « l’idéologie du genre » et « l’influence woke » qu’elle estime très présente dans la version actuelle de ces séances, rapporte Le Monde.
De son côté, le médiatique Maurice Berger, pédopsychiatre qui a publié un livre sur l’éducation sexuelle à l’école avec la directrice de Sos-Education – une association de droite très conservatrice et d’inspiration catholique-, considère que cet enseignement n’est pas adapté aux enfants, comme il l’a déclaré sur Europe 1, sans parole contradictoire. « On doit attendre qu’un enfant pose des questions pour lui répondre », a-t-il affirmé. Pour ce dernier, il est, par exemple, problématique que la différence entre les familles hétéroparentales et homoparentales soit évoquée avant 4 ans. Il redoute que de nombreux dérapages aient eu lieu lors de ces cours, notamment avec l’évocation de sujets comme « la sodomie » ou « la fellation ». Certains parents sont aussi très méfiants car beaucoup voient « leurs enfants comme des anges asexués », a expliqué le psychiatre Serge Hefez à RMC, pour tenter de comprendre ces peurs.
Des cours adaptés à l’âge des enfants
Qu’est-il vraiment enseigné lors de ces cours ? Maryse Boyer, fondatrice de l’association iKi iKi qui intervient pour des séances d’éducation sexuelle à l’école, a assuré au Huffpost que les cours sont tout à fait adaptés à l’âge des enfants. « L’une des rumeurs les plus tenaces est que l’on apprend aux enfants à se masturber. C’est évidemment d’une fausseté absolue : à aucun moment, ce sujet n’est abordé avec les enfants, qu’ils soient en primaire ou au collège », a-t-elle déclaré.
Elle explique que les notions autour du corps, de l’intimité et de la sexualité sont progressivement approfondies au fur et à mesure que les enfants et les adolescents grandissent. Les sujets autour des violences, de l’égalité fille-garçons, du harcèlement et des discriminations sont davantage creusés à partir de la fin de la primaire, par exemple. Et avec tact. Pas d’éducation à la sexualité proprement dite avant le collège. Le projet de programmes indique que la sexualité « requiert un degré de maturité et de responsabilité auquel il s’agit de préparer les élèves, très progressivement et en respectant leur rythme de développement ».
« Chez les plus petits, à la maternelle, on évoque en premier lieu les émotions et on apprend à nommer les parties du corps « , indique auprès du Huffpost Maryse Boyer qui précise encore : avec les 3-6 ans, on explique avec des mots adaptés ce qu’est l’amour, l’amitié, la famille, on répond à leurs petites questions d’enfants. On aborde la notion de secret : savoir ce que c’est, et faire comprendre aux enfants qu’il y a de chouettes secrets et qu’il y en a d’autres qui sont mauvais. Cela permet d’aborder le consentement dans des mises en situation très pratiques. Par exemple, est-on obligé de faire un bisou à un membre de la famille ? Est-ce que j’ai le droit d’imposer un câlin à un copain ou à une copine ? »
Le syndicat national unitaire des instituteurs soutient également les avancées du programme, affirmant que les élèves ne sont pas exposés à des contenus inadaptés. Au contraire, selon le syndicat, l’objectif est de « déconstruire ces impacts et offrir d’autres représentations moins normées, plus égalitaires et non violentes de la sexualité », que ce qui peut être vu dans la pornographie aujourd’hui, facilement accessibles en ligne, et qui crée des traumatismes pour les plus jeunes.
Alors que le programme est aussi critiqué pour une explication du genre jugée précoce, le SNUipp précise qu’il s’agit avant tout d’aller à l’encontre des stéréotypes filles-garçons et de réduire les inégalités. « La « théorie du genre » est un épouvantail agité régulièrement par des mouvements transphobes, sexistes et d’extrême droite. À l’école, il n’est pas question de brouiller les identités des enfants, ni évidemment de les encourager à changer de sexe. », rappelle le syndicat qui donne des exemples concrets : « Il s’agit par exemple de ne pas réserver certains jeux aux filles, de ne pas interdire l’expression de ses sentiments aux garçons ou de réfléchir à l’occupation de la cour de récréation ».
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