Les Français d’aujourd’hui ont-ils la même sexualité que leurs grands-parents ? La réponse est plutôt non, selon l’Inserm, qui a publié une vaste enquête sur le sujet mercredi 13 novembre. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale révèle ainsi que la sexualité des Français a connu des « changements majeurs » en dix ans.
Les pratiques sont ainsi « plus variées », les rapports moins fréquents. Le niveau de violences demeure en revanche inquiétant… Franceinfo résume les enseignements de cette étude – la première du genre depuis 2006 – menée sur plus de 31 000 personnes.
Un premier rapport sexuel plus tardif… mais davantage de partenaires
Dans ses premiers résultats pour l’Hexagone et la Corse, l’enquête montre « une remontée » de l’âge médian du premier rapport sexuel, à 18,2 ans pour les femmes et 17,7 ans pour les hommes en 2023 (contre 17,3 ans pour les deux sexes en 2010).
Le nombre moyen de partenaires des femmes de 18-69 ans ayant déjà eu un rapport sexuel est par ailleurs passé de 3,4 en moyenne au cours de sa vie en 1992 à 7,9 en 2023. Pour les hommes, ces chiffres, stables entre 1992 et 2006 (autour de 11), ont augmenté « substantiellement » à 16,4 partenaires en moyenne en 2023.
Des pratiques moins hétéronormées
Le répertoire des pratiques s’est « sensiblement diversifié », de plus en plus d’hommes et de femmes déclarant avoir expérimenté d’autres pratiques sexuelles (masturbation, sexe oral et rapports anaux) que les rapports vaginaux. En 1992, 42,4% des femmes de 18 à 69 ans déclaraient s’être déjà masturbées, contre 72,9% en 2023. La pratique de la pénétration anale (réalisée ou reçue) a également augmenté au fil du temps chez les femmes, passant de 23,4% en 1992 à 38,9% en 2023. L’augmentation est plus marquée chez les hommes, passant de 29,6% à 57,4%.
Autre phénomène notable : la proportion de personnes s’engageant dans une sexualité non exclusivement hétérosexuelle « augmente très nettement ». Pour la première fois, les femmes sont plus nombreuses à « rapporter des expériences avec des personnes de même sexe ». Par ailleurs, 13,4% des femmes et 7,6% des hommes de 18 ans à 89 ans déclarent par ailleurs avoir été attirées par des personnes de même sexe au cours de leur vie.
Cette hausse va de pair avec la hausse de l’acceptation sociale de l’homosexualité. En 2023, 69,6% des femmes de plus de 18 ans et 56,2% des hommes du même âge pensaient que l’homosexualité est une sexualité comme une autre. A noter que les opinions sur la transidentité sont nettement moins favorables : seuls 41,9% des femmes et 31,6 % des hommes considèrent qu’il s’agit d’une identité comme une autre.
La satisfaction sexuelle en légère hausse
Une amélioration, après une baisse. La proportion des personnes se déclarant très satisfaites de leur vie sexuelle actuelle s’établit à 45,3 % en 2023 pour les femmes, contre 47% en 1992 et 43,6% en 2006. La satisfaction sexuelle des hommes a, elle, diminué, passant de 45,0 % en 1992 à 35,1% en 2006, pour remonter à 39,0% en 2023. La satisfaction sexuelle est néanmoins plus élevée aujourd’hui, à tous les âges, qu’elle ne l’était en 2006 pour les deux sexes, sauf entre 30 et 39 ans pour les femmes et après 60 ans pour les hommes.
Une vie sexuelle qui dure même à un âge avancé
En 2023, 56,6% des femmes et 73,8% des hommes restent actifs sexuellement après 50 ans. Une partie de ces différences s’explique par le fait d’être en couple au moment de l’enquête : chez les personnes en couple, 77,2 % des femmes et 84,9 % des hommes ont eu une activité sexuelle dans les 12 mois.
Parallèlement, certains indicateurs montrent une diminution de l’activité sexuelle. En 2023, 77,2% des femmes (contre 82,9% en 2006) et 81,6 % des hommes (contre 89,1% en 2006) de 18-69 ans ont déclaré avoir eu une activité sexuelle avec un partenaire dans les 12 derniers mois.
Un niveau de violences toujours inquiétant
En 2023 comme en 2006, les résultats montrent également une diminution chez les femmes de la fréquence des rapports sexuels acceptés pour faire plaisir à son ou sa partenaire sans en avoir vraiment envie soi-même. Toutefois, si la mobilisation sociale contre les formes de violences sexuelles a « modifié les cadres normatifs du consentement », l’enquête « dresse un tableau de l’ampleur de ces violences qui demeure inquiétant ».
C »est notamment le cas chez les plus jeunes. Ainsi en 2023, 36,8% des femmes âgées de 18 à 29 ans, contre 12,4% des hommes de cette tranche d’âge, ont déclaré « avoir subi un rapport forcé ou une tentative de rapport forcé au cours de leur vie », contre 16,5% et 4,7% en 2006. Pour les femmes âgées de 18 à 69 ans, la hausse est là encore manifeste : 29,8% en 2023 contre 15,9% en 2006. Et « nombre de ces violences sont survenues alors que la personne était mineure au moment des faits ».
Les déclarations de violences sexuelles (rapports forcés ou des tentatives de rapports forcés) sont très élevées parmi les « personnes ayant déclaré des partenaires de même sexe » : 53,1% des femmes et 29,5% des hommes. Les personnes ayant pensé à changer de genre ont également été victimes de violences sexuelles dans des proportions beaucoup plus importantes que les personnes qui n’y ont jamais pensé (43,1% contre 17,2%).
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