L’édito d’Alexandra Schwartzbrod
Moins de rapports, mais plus satisfaisants et plus variés : pour la quatrième fois depuis 1970, une vaste enquête s’est invitée dans les chambres à coucher du pays.
La liberté, pour le meilleur et pour le pire, tel est le mot qui pourrait résumer le mieux cette grande enquête sur la sexualité des Français publiée ce mercredi 13 novembre. Les femmes, notamment, semblent bien plus libérées des tabous et des injonctions qu’il y a dix-huit ans, date de la dernière grande enquête sur le sujet (2006). Il faut dire que dix-huit ans, c’est long, dans un monde où les mentalités, les technologies et les aspirations ne cessent d’évoluer. Les Français, durant cette période, ont bougé, dans tous les sens du terme. Leur façon de voir et d’envisager le sexe évolue. Ils ont moins envie – les femmes notamment – d’actes vite faits mal faits et préfèrent privilégier les vrais moments de sexe quand le plaisir est partagé. Liberté, donc, de choisir le bon moment et non de le subir. Liberté aussi d’assumer la masturbation, c’est nouveau pour les femmes, preuve que la société s’est sacrément décoincée sur le sujet. Témoin, la norme de l’hétérosexualité semble elle aussi de moins en moins évidente.
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Si les frontières géographiques menacent de se renforcer en cette décennie 2020, celles entre les genres s’estompent et c’est une excellente nouvelle. En 2024, on se sent plus libre qu’avant d’aimer une personne du même sexe, pour un soir ou pour la vie. Et aussi de multiplier les expériences, même si la moyenne de 7,9 partenaires dans une vie de femme semble bien faible, surtout si on la compare au chiffre de 16,4 pour les hommes. Autre liberté enfin acquise, celle des personnes âgées qui semblent avoir envoyé balader les injonctions à fermer boutique pour cause de vieillissement des corps et de pseudo baisse de la libido. Les seniors d’aujourd’hui aiment s’envoyer en l’air, ils auraient tort de se priver. Cette liberté a un revers : on se protège moins, surtout les jeunes, ce qui peut poser, à terme, un gros problème sanitaire, a fortiori si l’on tend à multiplier les partenaires. Cette réserve mise à part, on ne va certainement pas bouder notre plaisir.
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